Le président de la République a ordonné le classement dans le domaine privé de l’État et en unités forestières d’aménagement, de certaines portions de forêt situées dans les départements du Nkam et la Sanaga Maritime, région du Littoral.
Depuis quelques mois, des éclats de voix se font entendre dans ces deux départements du Littoral. A l’origine, un litige foncier entre les élites locales et les communautés.
C’est pour mettre fin à ce différend que le président Paul Biya est intervenu : « Le public est informé que sur très hautes instructions du chef de l’Etat, le Premier ministre chef du gouvernement, a signé le décret N°2020/3900/PM du 6 août 2020 portant retrait du décret N°2020/3216/PM du 14 juillet 2020 portant classement au domaine privé de l’Etat d’une portion de forte de 68385 hectares consultée en unité forestière d’aménagement dénommé UFA 07 006, située dans les départements du Nkam et la Sanaga Maritime, région du Littoral », lit-on dans le communiqué signé de Séraphin Magloire Fouda, secrétaire général des Services du premier ministre.
Par ailleurs, note le communiqué, « Le chef de l’Etat a ordonné de surseoir à la procédure de classement de la portion de forte 65007 situé dans le département du Nkam et constitué en unité forestière d’aménagement dénommée UFA 07 005 », écrit le SG des SPM.
Le Cameroun préparait ses concessions forestières
Les populations du Nkam, Sanaga maritime, Yingui, Ngambé… avaient jusqu’à fin mars pour porter à l’attention des autorités des éventuelles oppositions et réclamation relatives au projet de classement dans le domaine privé de l’État de 150 000 hectares (ha) dans la forêt intacte d’Ebo. C’est dans le Littoral du Cameroun.
Le projet à terme, indique le ministère de la Faune et la Forêt (Minfof), est de transformer la zone ciblée en une forêt de production. Les 150 000 ha seront scindés en deux concessions forestières classées. Elles seront voisines de la plantation d’huile de palme de l’agro-industriel Greenfil Palm Plantation Ltd qui, avec de l’assistance technique française et malaisienne, a défriché plus de 1700 ha depuis de 2017.
Seulement, le projet gouvernemental rencontre déjà des oppositions. Début avril 2020, l’ONG Greenpeace Afrique, spécialisée dans la défense de la cause environnementale, a initié une pétition contre le projet. Elle dit se joindre à l’appel lancé par des populations de la région du Littoral « pour l’annulation immédiate des plans du gouvernement visant à transformer une zone de près de 150 000 hectares de forêt intacte désignée pour un parc national en deux concessions forestières ». Greenpeace indique que plus de 40 communautés sont riveraines de la forêt d’Ebo et en dépendent pour la nourriture, les médicaments et les activités culturelles.
« Ebo est une zone de forte concentration de biodiversité, qui abrite une population de chimpanzés qui cassent des noix, ainsi que certaines des populations les plus importantes de chimpanzés Nigéria-Cameroun, des éléphants de forêt, des perroquets gris et d’autres espèces inscrites sur la liste rouge de l’UICN en danger et en voie d’extinction, et 12 essences d’arbres inconnues à la science. Cette forêt contient environ 35 millions de tonnes de carbone », défendait l’ONG.
Le Minfof rétorquait que des dispositions particulières seront prises dans la protection des sites particuliers reconnus comme habitats de la faune sauvage lors de l’élaboration du plan d’aménagement de cette unité forestière d’aménagement. Ceci conformément à la législation camerounaise qui rend exécutoires les directives d’inventaire d’aménagement et prêt-investissement intégrant les spécificités de la biodiversité pour les forêts de production du domaine forestier permanent du Cameroun.