La huitième édition de la TICAD ( Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique) entre le Japon et le continent africain commence ce samedi 27 août, à Tunis. Créée en 1993, la Conférence marque le long engagement du Japon en Afrique.
Le Premier ministre Fumio Kishida suit le sommet de la Ticad par vidéo-conférence, depuis Tokyo, écrit notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles, car il a contracté le Covid-19. Il aurait tant aimé être à Tunis pour dire que le Japon augmentera ses aides à l’Afrique de 40% pour les trois années à venir, selon le journal économique Nikkei.
Au premier jour du huitième forum japonais et africain sur le développement en Afrique (Ticad), le gouvernement japonais a annoncé samedi 27 août à Tunis la signature de plusieurs conventions, une aide de 30 milliards de dollars sur trois ans pour des projets de financement en Afrique et 100 millions de dollars pour la protection sociale en Tunisie
Une coopération transcontinentale axée sur l’humain
Le Japon soutient un développement centré sur les êtres humains, mené par les Africains eux-mêmes, une façon de se différencier de la Chine accusée de favoriser les entreprises et ouvriers chinois, au détriment des économies locales, et de ne pas tenir compte des droits humains et de l’environnement.
Le Japon veut financer des infrastructures de qualité à un prix abordable. Tokyo met aussi en garde l’Afrique contre des niveaux excessifs d’endettement, autre allusion à la Chine qui précipite les pays dans le piège du surendettement. Tokyo. Le Japon met l’accent sur les investissements du secteur privé plutôt que des financements publics au développement. Il a mis en place des dispositifs de financement et d’assurance de compagnies japonaises, soutenues par le gouvernement. Le Japon continuera par ailleurs de former, en Afrique, des experts à la gestion des risques financiers et de la dette publique. Il fournira enfin une aide alimentaire de 130 millions de dollars et une assistance pour faire doubler la production de riz, à long terme.
Industrie pharmaceutique, santé ou encore énergie verte… Le Japon souhaite investir dans plusieurs secteurs, selon le chercheur Katsumi Hirano, membre de la JETRO, l’agence japonaise chargée de la promotion du commerce extérieur. « Nous nous intéressons au développement d’énergies à base d’hydrogène et les autres énergies renouvelables, donc notre souhait pour l’Afrique, ce n’est pas d’exploiter plus les ressources minérales mais plutôt de miser sur le développement technologique », affirme-t-il.
Absence du Maroc sur fond de crise diplomatique
Le Maroc a annulé sa participation à cet événement et a également rappelé son ambassadeur à Tunis pour « consultation ». À l’origine de cet incident, le Maroc reproche au président tunisien Kaïs Saïed d’avoir invité un représentant du Polisario qui défend l’indépendance du Sahara occidental et qualifié « d’entité séparatiste », dans un communiqué du royaume chérifien. Cet accueil « est un acte grave et inédit qui heurte profondément les sentiments du peuple marocain et de ses forces vives », écrit dans un communiqué le ministère marocain des Affaires étrangères. La publication, dans la soirée de vendredi, de photos d’une délégation sahraouie reçue par le président tunisien Kaïs Saïed en marge de la Ticad à Tunis, a causé la colère du Maroc.
Au cours de ces deux jours de conférence, près de 82 projets vont être présentés, avec une valeur de 2,7 milliards de dollars (environ 2,7 milliards d’euros). Une opportunité aussi de relance économique pour certains pays, comme la Tunisie, en crise et à la recherche de nouveaux marchés.