L’avocate inscrite au Barreau du Cameroun, membre du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, dévoile sa soif de changement. Dans une tribune publiée le 18 mai, elle s’affranchit de la contestation liée au hold-up électoral, jusque-là programme résiduel d’un parti politique plus que jamais appelé à se réinventer.
Après s’être autoproclamé président de la République, au mépris des résultats officiels proclamés par le Conseil constitutionnel à la suite de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto s’est arcbouté dans une revendication de hold-up électoral. Dans la contestation de la victoire du président Paul Biya, actée par le Conseil constitutionnel, le président du MRC a brisé la carrière politique de milliers de valeurs sûres de son parti, en prônant le boycott des élections municipales et législatives du 9 février 2020. Ce rêve brisé, ajouté à l’amertume d’un séjour carcéral de 9 mois pour des manifestations non autorisées, ont fini par user même les plus convaincus. Le 18 mai 2020, Michèle Ndoki s’est évadée de la grande bulle construite par Maurice Kamto pour, comme Kah Walla et Célestin Djamen, l’inviter à tourner la page.
Envie de neuf
La vice-présidente de la section des femmes du MRC ne cache plus son essoufflement, sa lassitude de réclamer une imaginaire victoire du candidat du MRC à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018. « La contestation liée au hold-up électoral, compris comme le mépris indéniable de la voix du peuple, était donc une réaction populaire et partisane nécessaire. Elle a produit des fruits notables, notamment en renforçant la conscience politique de nos concitoyens et en attirant l’attention de la communauté internationale sur la dégradation alarmante de l’état de droit au Cameroun et la déliquescence de nos institutions. Elle a forcé nos gouvernants, après avoir essayé de nous réduire au silence, à se remettre en question et posé les fondations pour un réel changement dans notre pays », établit Michèle Ndoki. Considérant que le chemin parcouru jusqu’ici constitue la fondation, une étape fondamentale, elle exhorte les siens à se tourner vers un nouveau combat.
Maurice Kamto poussé vers la sortie ?
« Nous devons aujourd’hui bâtir sur cette fondation ce que nous voulons être le Cameroun de demain », annonce-t-elle. Dans sa vision, Michèle Ndoki envisage une rupture, un changement de paradigme. « De même que les matériaux et techniques utilisés pour les fondations ne sont pas ceux qui servent aux élévations, de même ce qui a servi à éveiller les consciences et alerter l’opinion doit maintenant être remplacé par ce qui peut servir à rendre l’alternance démocratique effective », tranche la jeune dame.
Dans un parti qui, apprend-on, ne peut se contenter d’un prêt-à-penser idéologique, qui ne peut se satisfaire en la matière, comme en bien d’autres, d’un copier-coller, d’une simple transposition, qui doit réfléchir, débattre, s’adapter, s’inscrire dans la modernité, l’éventualité d’un retrait de Maurice Kamto n’est pas à exclure. Dans cette logique, les propos de Michèle Ndoki sont prémonitoires. Une façon de se positionner. De toutes les batailles, des plus glorieuses aux plus humiliantes, elle se pose en véritable alternative du rassemblement. « Un seul mot : rassembler », conclut-elle son post destiné à moderniser le combat du MRC. L’avenir nous dira.