« Les bons offices des pays comme le Cameroun ou encore l’Angola, ont apparemment payé, puisque les autorités tchadiennes ont finalement accepté de recevoir cette délégation », témoigne une source bien introduite, indiquant le rôle joué par le président Paul Biya dans l’apaisement des tensions entre le Tchad et la République centrafricaine (RCA). Choqué, à la suite de l’incident du 30 mai, le gouvernement tchadien a promis des représailles et refusé, dans un premier temps, de recevoir la délégation d’émissaires envoyée par Bangui. Pendant 24 heures, le temps pour le président Paul Biya de convaincre le général Mahamat Idriss Deby à les recevoir, Sylvie Baipo, le ministre des Affaires étrangères de la RCA et sa délégation attendaient à Douala.
Revenu à de meilleurs sentiments, le président du comité militaire de transition du Tchad a donné son feu vert. Les deux délégations ont finalement échangé le 1er juin à Ndjamena. Dès leur arrivée au Tchad, et sans délai, les émissaires centrafricains furent reçus au ministère tchadien des Affaires étrangères par leurs homologues de la Défense, de la Sécurité et des Affaires étrangères avec lesquels ils ont échangé et se sont accordés sur les termes d’un communiqué conjoint avant d’être reçus dans la suite immédiate par le général Mahamat Idriss Deby. « Lors des échanges, tout en marquant sa surprise et son incompréhension, l’illustre hôte a affirmé sa disponibilité à travailler avec son frère centrafricain, à l’apaisement et à la concorde entre les deux peuples, tout en recherchant les causes des derniers événements à travers une commission d’enquête internationale indépendante et impartiale. La volonté des parties à privilégier le dialogue et à préserver la paix a été réitérée », renseigne le communiqué final signé par les deux parties.
Le 30 mai au soir, lors d’une opération de « ratissage contre les rebelles » de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), des éléments des forces armées centrafricaines, appuyées par des forces russes, ont « détecté », selon l’armée, un « mouvement armé suspect » vers Bang, une commune proche de la frontière avec le Tchad. Signalée par un drone de reconnaissance russe, la position sera attaquée par les militaires centrafricains. Les soldats centrafricains et russes ont poursuivi ces « rebelles » en territoire tchadien. Mais cette fois, des militaires tchadiens sont impliqués dans les échanges de tirs. Les combats sont âpres, et violents. Le bilan est lourd : un soldat tchadien a été tué lors des échanges de tirs. Cinq autres, faits prisonniers, ont été froidement « exécutés ». Le rétablissement du dialogue entre les deux pays est gage d’un retour à la normale.