La démission de Chérif Mahamat Zene, ministre des Affaires étrangères, survient au beau milieu d’un dialogue de réconciliation nationale très laborieux. « Depuis quelques mois, mon engagement et ma volonté de servir mon pays se trouvent contrariés par des initiatives parallèles des membres de votre cabinet et du gouvernement, entreprises à mon insu et sur vos instructions », a écrit Chérif Mahamat Zène au président du conseil militaire de transition Mahamat Idriss Déby Itno dans le courrier qu’il a publié sur ses réseaux sociaux.
« Ces initiatives et interférences répétitives et intempestives ne visent qu’à entraver l’exercice de mes fonctions », assène Chérif Mahamat Zène, invoquant « une situation aussi malsaine que confuse et inacceptable (…) me réduisant à un simple figurant ». Chérif Mahamat Zène a été le principal négociateur du pouvoir dans les longues et pénibles tractations ayant abouti, le 8 août, à un accord de paix à Doha avec une trentaine, sur une cinquantaine, de mouvements rebelles. Ce pacte a permis d’associer une partie des groupes armés au Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) ouvert il y a un mois à N’Djamena et censé déboucher sur des élections « libres et démocratiques ».
Si la démission du ministre des Affaires étrangères est liée à une accumulation de frustration, la goutte d’eau qui a débordé le vase après l’ouverture d’un consulat à Dakhla au Maroc sans son avis, est la désignation du ministre de la Communication, Abdramane Koulamallah, pour s’adresser au corps diplomatique le 19 septembre. Depuis Dubaï, où il est en vacances, Chérif Mahmat Zène a très mal apprécié. Pour lui, la Secrétaire d’État est bien placée pour cet exercice. La désignation d’Abdramane Koulamallah est une ingérence inacceptable. Il faut le dire, entre les deux hommes, l’ambiance est électrique depuis un bon moment.
Selon des sources bien introduites, Chérif Mahmat Zène et Abdramane Koulamallah ont eu des échanges peu commodes sur Whatsapp. Chérif Mahamat Zène reproche à Abdramane Koulamallah de « vouloir s’immiscer dans ses fonctions et de trop occuper l’espace médiatique ». Le second se défend d’avoir été instruit par la hiérarchie pour faire cette communication tout en gardant son sang-froid. Après avoir rendu compte à la hiérarchie, le ministre de la Communication s’est résigné à faire le point de l’évolution du DNIS aux partenaires et diplomates, comme initialement prévu.