Au palais de l’Unité, Madame Sylvie Baipo Temon, la ministre des Affaires étrangères et des Centrafricains de l’Etranger, envoyée spéciale du président Faustin-Archange Touadéra, était porteuse du message et de la voix de son mandant auprès du président Paul Biya. Au menu des échanges, la situation en République centrafricaine (RCA) qui demeure préoccupante. Le 17 décembre 2020, les six groupes armés les plus puissants qui occupaient les deux-tiers de la RCA en guerre civile depuis huit ans se sont alliés au sein de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), puis ont annoncé le 19, huit jours avant les élections présidentielle et législative, une offensive dans le but d’empêcher la réélection du président Touadéra.
Depuis la publication des résultats, les rebelles mènent des attaques sporadiques mais parfois violentes, généralement loin de la capitale, même si deux attaques simultanées d’environ 200 assaillants ont été repoussées le 13 janvier à Bangui. Le 21 janvier, le gouvernement a décrété l’état d’urgence pour une durée de 15 jours sur l’ensemble du territoire pour permettre aux autorités de procéder à des interpellations sans forcément passer par le procureur de la République. Cet état d’exception a récemment été renouvelé par le parlement. C’est dans ce contexte qu’est intervenue la visite de Madame Sylvie Baipo Temon au Cameroun.
Au terme des entretiens qui ont duré une heure de temps, l’émissaire du président Faustin-Archange Touadéra en a confié la quintessence à la presse. « Aujourd’hui, la RCA fait face à de nombreuses tentatives de déstabilisation. La situation en RCA est une menace pour toute la sous-région, en particulier pour le Cameroun. Le Cameroun a toujours été un fort soutien pour la RCA, notamment à travers la composante MINUSCA, l’opération de maintien de la paix des Nations unies. Nous avons également un important flux d’échanges économiques et commerciaux avec le Cameroun. L’axe vital pour la RCA étant le corridor Douala-Bangui. Donc, il était important pour le président Touadéra de présenter la situation qui prévaut en RCA à son frère, d’autant plus que les initiatives des organisations sous régionales nécessitent que l’ensemble des Etats soit impliqué ou soit au fait de cette situation », a-t-elle expliqué.
« Il y a une chose formidable qui s’est passée en fin d’année. Nous avons tenu des élections démocratiques. Malgré les menaces, ces élections ont été un succès. Le président Touadéra a été réélu dès le premier tour. Nous avons encore des élections qui sont cours, notamment les élections législatives. Et pour cela l’agression de la rébellion CPC doit être maîtrisée rapidement pour permettre l’exercice du jeu démocratique », a-t-elle révélé concernant la situation réelle sur le terrain. Elle a mentionné le soutien des pays alliés comme la Russie et le Rwanda, aux côtés de la MINUSCA. « Dans le cadre de la Conférence internationale pour la Région des Grands Lacs (CRGL), le président angolais a pris l’initiative d’organiser une réunion à laquelle la RCA souhaite voir participer l’ensemble des Etats membres prêts, notamment la République du Cameroun. Il est important que la situation de la RCA soit maîtrisée pour empêcher des répercussions sur les pays voisins », a-t-elle conclu. Soumise au strict respect des mesures barrières édictées par le gouvernement pour stopper la propagation du COVID-19, l’émissaire centrafricaine a été accueillie et raccompagnée au perron du palais de l’Unité par Samuel Mvondo Ayolo, le ministre, directeur du cabinet civil de la présidence.