« Très déterminés à faire entendre leur voix, les trois pays qui composent la nouvelle alliance ont décidé de porter l’affaire devant le Conseil de sécurité des Nations unies, dont la présidence est assurée par la Sierra Leone », commente ainsi le journal Aujourd ‘hui au Faso, qui a publié un fac-similé du communiqué et titre en une sur cette saisine.
Les trois chefs d’État des pays membres, le Malien Assimi Goïta, le Nigérien Abdourahamane Tiani et le Burkinabè Ibrahim Traoré, campent alignés et dans leur tenue militaire, ils sont tous trois arrivés au pouvoir par un coup d’État. Une façon pour les trois putschistes d’illustrer et d’affirmer leur autorité, un autre alignement des pays de l’Alliance, politique comme diplomatique.
Leur colère porte sur le soutien apporté par l’Ukraine à des séparatistes touaregs et des djihadistes lors d’un affrontement qui les avait opposés à l’armée malienne, elle-même soutenue par le groupe paramilitaire russe Africa Corps, anciennement Wagner. Dans la nuit du samedi 27 au dimanche 28 juillet 2024, dans les secteurs d’In-Afarak et de Tinzaouatine (dans le nord de la région de Kidal), l’armée malienne et ses supplétifs russes de l’Africa Corps avaient alors subi une sévère défaite dans leur lutte contre les groupes armés du nord du Mali. Un revers qui avait été commenté notamment par Ivan Stoupak, analyste militaire et ancien du SBU (le Service de sécurité d’Ukraine). Il avait affirmé que des unités spéciales du renseignement militaire ukrainien « [avaient] déjà été vues dans cette région du continent, où elles ont participé à des actions visant à chasser les mercenaires de Wagner dans le désert ».
Ces trois pays demandent au Conseil de sécurité de « prendre les mesures appropriées contre ces actions subversives » de l’Ukraine. Signée par les ministres des Affaires étrangères des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), cette lettre adressée à l’ONU reprend les dénonciations de l’implication de l’Ukraine aux côtés des rebelles du Cadre stratégique permanent pour la défense de l’Azawad (CSP-DPA) lors de la bataille de Tinzaouatène, au nord-est du Mali, fin juillet.
Après la rupture des relations diplomatiques du Mali et du Niger avec l’Ukraine, cette dénonciation auprès de l’ONU est une nouvelle étape dans la dégradation des rapports entre ces pays. Saisi, le Conseil de sécurité a, dans sa Charte, l’objectif de maintenir la paix et la sécurité à travers le monde. S’il peut s’autosaisir, il n’a pas le mandat de gérer les contentieux entre les États. Les pays de l’AES, pour que ces plaintes aboutissent, doivent les porter devant les juridictions internationales compétentes, selon des juristes spécialisés.