Si l’Afrique est relativement épargnée par la crise du COVID-19, avec officiellement 130 000 morts, elle est par contre financièrement exsangue. Pour tenter de sauver le continent de l’asphyxie économique qui la menace après la pandémie, une trentaine de dirigeants africains et européens sont réunis à Paris avec les grandes organisations économiques internationales. La réunion est divisée en deux sessions : l’une sur le « financement et le traitement de la dette » publique, l’autre sur « le secteur privé africain ». Le dirigeant français conclura le sommet par une conférence de presse conjointe avec le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, à la tête de l’Union africaine.
L’idée de ce « Sommet sur le financement des économies africaines » a germé à l’automne 2020, quand le Fonds monétaire international (FMI) a calculé que l’Afrique risquait de se heurter à un déficit de financement de 290 milliards de dollars d’ici 2023. La croissance du continent, qui a connu sa première récession en un demi-siècle l’an passé à cause de la pandémie, devrait toutefois rebondir de 3,4 % en 2021 et de 4 % en 2022. Et un moratoire mis en place dès avril 2020 a permis de donner un peu d’air aux pays africains les plus endettés.
Mais cela ne suffira pas. Les dettes publiques explosent sur le continent, comme la pauvreté : en 2021, 39 millions d’Africains pourraient tomber dans l’extrême pauvreté, selon la Banque africaine de développement (BAD). Réclamant un « moratoire immédiat sur le service de toutes les dettes extérieures (…) jusqu’à la fin de la pandémie », 18 dirigeants africains et européens ont d’ailleurs exhorté mi-avril le FMI à attribuer des droits de tirage spéciaux (DTS) aux pays africains pour leur fournir « les liquidités indispensables à l’achat de produits de base et de matériel médical essentiel ». Ces « DTS » peuvent être convertis en devises par les pays qui en ont besoin sans créer de dette supplémentaire.
Le principe d’une émission globale de DTS de 650 milliards de dollars est acquis, les Etats-Unis s’y étant déclarés favorables fin mars. Reste à savoir ce qui sera alloué aux pays africains. En effet, ces fameux DTS sont répartis en fonction des quotes-parts de chaque pays au FMI : le plus gros va aux pays les plus riches. Sur le papier, l’Afrique ne bénéficierait que de 34 milliards de dollars.
Au préalable aux discussions du 18 mai, la communauté internationale a déjà pris des décisions. Elle s’est ainsi engagée la veille à Paris à soutenir la transition au Soudan en lui donnant un bol d’air financier. Pour « permettre le retour du Soudan dans le concert des nations », Emmanuel Macron s’est déclaré en faveur « d’une annulation pure et simple de notre créance envers le Soudan », soit « près de 5 milliards de dollars ». Il reste maintenant à négocier sur les autres dettes.