C’est l’histoire d’une formation politique en quête d’un nouveau leader, depuis l’annonce, le 11 février, du retrait définitif de la course à la présidence de la République de John Fru Ndi. « La politique ne consiste pas à s’asseoir à Yaoundé ou à Bamenda. Il s’agit d’aller vers les gens, de les sentir. Et si je ne peux plus le faire, il faut laisser une autre personne le faire », avait alors déclaré le chairman du Social Democratic Front (SDF), justifiant un retrait aux conséquences multiples. La première est, sans doute, la levée du voile sur la guerre de leadership, longtemps restée souterraine, depuis la désignation de l’honorable Joshua Osih comme candidat du parti de la balance à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, au détriment des autres cadres.
En tête de pile de ceux-là, l’honorable Jean Michel Nintcheu. Le 21 mars, le président régional du SDF pour le Littoral, a réuni dans son domicile les principaux responsables du parti dans la région. L’ordre du jour du comité extraordinaire régional portait sur « les activités antiparti » de l’honorable Joshua Osih Nabangui, premier vice-président national du SDF. Au terme du conclave, l’instance a dénoncé « la gestion calamiteuse de la campagne de l’élection présidentielle de 2018 par le premier vice-président, sa participation à la cérémonie de prestation de serment du candidat du RDPC, la non production d’un rapport complet d’activités et financiers de la gestion de l’élection présidentielle de 2018 pourtant plusieurs fois exigé par des résolutions de différents NEC ainsi que le rapport des élections municipales et législatives de février 2020 dont il s’est approprié la gestion unilatérale malgré la commission mise sur pied par le président national, sa rébellion contre les résolutions du NEC du 13 mars 2021 à travers l’organisation d’une campagne médiatique pour démontrer qu’il a eu raison de signer la pétition en défiance du NEC et au grand mépris de la base ». Par effet d’entraînement, des clans se sont vites formés, se livrant à des affrontements.
En guise de réponse, l’honorable Joshua Osih bien qu’ayant indiqué devoir réagir au sein des instances compétentes, a multiplié des piques en direction de son camarade Jean Michel Nintcheu dans les médias. Pour mettre un terme à ce foisonnement de sorties épistolaires et médiatiques inappropriées de la part de certains militants, élus et responsables du parti, Jean Tsomelou, le secrétaire général du SDF, les a invités à se ressaisir sans délai. Conformément à ses attributions statutaires, il a rappelé que « tout débat sur la vie du parti doit se faire en interne, au sein des instances indiquées, et scrupuleusement suivant les dispositions de nos textes ». Par ailleurs, « tout étalage médiatique et sur la place publique des divergences internes du parti sera désormais considéré comme une volonté délibérée de destruction du parti et de démobilisation de ses militants », a-t-il précisé. En brandissant clairement la menace des sanctions contre les futurs auteurs et acteurs de tels scandales, le secrétaire général du SDF réussira-t-il à éteindre le volcan promis à une inévitable et spectaculaire éruption que constitue désormais cette formation politique ?