À partir de la fin de soirée du 18 Novembre 2024, les messages de félicitations vers le PASTEF ont afflué. Ces législatives anticipées avaient été convoquées par le nouveau président Bassirou Diomaye Faye dans l’espoir de décrocher une majorité confortable pour gouverner, alors que l’Assemblée nationale sortante était dominée par le camp de l’ancien président Macky Sall.
« Raz-de-marée de Pastef », « ouragan Sonko », ou encore « Sénégal moy Sonko » (le Sénégal, c’est Sonko) titraient les titres de presse sénégalais lundi 18 novembre, au lendemain du scrutin électoral. La veille, 7,3 millions d’électeurs étaient attendus pour voter aux élections législatives anticipées afin d’élire les futurs 165 députés de l’Assemblée nationale (dont 15 pour la diaspora) pour les cinq prochaines années.
Avec un taux de participation provisoire de 49,72 % (contre 46.6 % lors des législatives de 2022), les Sénégalais ont massivement renouvelé leur confiance au parti présidentiel des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). Arrivé au pouvoir en avril 2024 dès le premier tour avec 54,28 % des voix, Bassirou Diomaye Faye a été élu sur un programme souverainiste et panafricaniste, porté par des promesses de rupture avec l’ancien système jugé clientéliste ainsi que des réformes constitutionnelles pour un nouveau modèle de gouvernance.
Huit mois après le succès écrasant à la présidentielle, ce premier test pour le pouvoir s’est avéré gagnant. « Je rends hommage au peuple sénégalais pour la large victoire qu’il a donnée au Pastef » a revendiqué Amadou Moustapha Ndieck Sarré, le porte-parole du gouvernement quelques heures après la clôture des bureaux de vote. « Les tendances lourdes montrent que le Pastef aura une majorité qualifiée », a-t-il ajouté sans mentionner le nombre de sièges remportés à l’Assemblée nationale.
Un scrutin aux enjeux multiples
Selon les premières estimations, le Pastef va en effet vers une majorité absolue en remportant un grand nombre des 46 départements du pays à l’image de Touba, Diourbel, Saint-Louis, Mbour ou encore dans la diaspora et dans plusieurs communes de Dakar. Les premiers résultats officiels provisoires seront annoncés ce mardi 19 novembre.
L’enjeu était en effet de taille : le parti visait la majorité absolue dans l’hémicycle afin d’avoir les coudées franches pour mener à bien son programme « rupture ». Jusqu’à présent, la cohabitation s’avérait conflictuelle à l’Assemblée nationale du fait de la majorité acquise aux soutiens de l’ancien président Macky Sall. Plusieurs réformes, dont le vote du budget, ont ainsi été bloquées ce qui avait poussé le président à dissoudre l’institution.
Alors qu’habituellement, les ressources publiques étaient mises à contribution pour le candidat présidentiel lors des campagnes électorales, le Pastef a demandé à ses militants de s’engager en participant au financement de cette campagne.
En face, 40 autres listes concouraient, dont certains partis et mouvements s’étaient réunis en coalitions, avec l’objectif affiché de faire barrage à une razzia du Pastef et ainsi imposer une cohabitation. Un espoir désormais balayé qui souligne l’autre enjeu de ce scrutin pour l’opposition : sa survie pour les cinq prochaines années. Une recomposition du champ politique s’annonce donc face à une opposition dispersée, critique d’un pouvoir qu’elle accuse d’inertie et de manques de réalisations en huit mois d’exercice.
Le 1er novembre 2024, Ousmane Sonko avait promis qu’en cas de majorité absolue aux législatives, il abrogerait la loi d’amnistie votée sous Macky Sall concernant les crimes et délits commis lors des crises politiques entre 2021 et 2024. Une haute cour de justice doit également voir le jour pour juger les responsables de corruption de l’ancienne présidence. Le gouvernement est conscient des attentes, il sait que les Sénégalais ne se satisferont pas des discours et qu’ils les sanctionneront si les promesses ne se réalisent pas.