La décision du président Vladimir Poutine de mettre en alerte la force de dissuasion russe constitue une « escalade totalement inacceptable », a condamné l’ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies, Linda Thomas-Greenfield. « La Russie n’a à aucun moment été menacée par l’Otan », a, de son côté, affirmé l’attachée de presse de la Maison-Blanche, tout en rappelant que les Etats-Unis « avaient la capacité de se défendre ».
« Il s’agit d’un schéma répété que nous avons observé de la part du président Poutine durant ce conflit, qui est de fabriquer des menaces qui n’existent pas afin de justifier la poursuite d’une agression », a poursuivi la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki. A Washington, on a toutefois évité de réagir à chaud à la menace tout en conseillant aux Américains, comme la France avec ses propres concitoyens, de « quitter immédiatement la Russie ». D’après deux hauts responsables cités par le « New York Times », les Etats-Unis refusent de se faire entraîner dans la « spirale de l’escalade » nucléaire. Les forces nucléaires américaines sont constamment à un niveau d’alerte suffisant pour dissuader la Russie d’utiliser les siennes, affirment-ils.
« C’est sans précédent depuis la guerre froide ». Mais le représentant démocrate Colin Allred, spécialiste de la Russie, n’est pas rassuré. « C’est sans précédent depuis la fin de la guerre froide », s’insurge Daryl Kimball, le directeur de l’Arms Control Association à Washington. « Il n’existe aucun exemple d’un dirigeant américain ou russe qui ait élevé le niveau d’alerte de ses forces nucléaires en pleine crise pour essayer de modifier le comportement de l’autre camp. »
A plus long terme, la réaction des Etats-Unis dépendra de ce que fera la Russie. L’ordre de « mettre en alerte de combat les forces de dissuasion » est vague, font valoir les spécialistes, qui attendent de voir comment vont réagir les troupes russes sur le terrain. Il ne faudrait pas être surpris de les voir sortir des bombardiers nucléaires de leurs hangars ou des sous-marins atomiques en mer, préviennent ces experts, mais les Américains comprennent la chorégraphie de ces mouvements. Par contre, tout changement à ces pratiques serait certainement décelé très vite de ce côté-ci de l’Atlantique. D’après un haut responsable du ministère de la Défense américain, les propos de Poutine « pourraient toutefois faire intervenir des forces qui pourraient rendre la situation bien plus dangereuse s’il y avait un mauvais calcul » d’un côté comme de l’autre.