Reconnaissant que les facilités de la loi américaine sur la croissance et les perspectives économiques en Afrique constituent une offre hautement appréciable et appréciée, le porte-parole du gouvernement René Emmanuel Sadi, estime que les raisons invoquées par le président Donal Trump pour en soustraire le Cameroun ne correspondent guère à la réalité des faits sur le terrain.
Pour le ministre de la communication (Mincom), René Emmanuel Sadi, les raisons de « violations flagrantes des droits de l’homme internationalement reconnus, dont le gouvernement camerounais s’est rendu coupable » invoquées par le président américain en date du 31 octobre 2019, pour soustraire le Cameroun du programme African Growth and Opportunity Act (AGOA) à compter du 1er Janvier 2020 procèdent soit d’une ignorance, ou d’une méconnaissance de la situation réelle, telle qu’elle a prévalu et prévaut encore dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, soit d’une volonté délibérée d’ignorer cette réalité, ou alors d’une version travestie des faits par des observateurs de mauvaise foi, ou par quelques concitoyens qui ne font point mystère de leur dessein antipatriotique, celui d’œuvrer à ternir l’image de leur pays, à sa partition ou à sa déstabilisation, mais aussi d’œuvrer à compromettre les relations d’amitié et de coopération du Cameroun avec ses partenaires étrangers, dont les Etats-Unis d’Amérique. « Le Gouvernement Camerounais estime qu’autant l’éligibilité du Cameroun à l’AGOA procédait d’une décision souveraine du Gouvernement américain, autant l’éventuelle décision dudit Gouvernement de retirer au Cameroun le bénéfice des avantages de cette loi relève d’un acte de souveraineté que nul ne peut lui contester », reconnaît René Emmanuel Sadi. Face au grief de « n’avoir pas répondu aux préoccupations concernant les violations persistantes des droits de l’homme, commises par les Forces camerounaises de Sécurité, notamment des exécutions extrajudiciaires, des détentions arbitraires et illégales, et des actes de torture », fait par Donal Trump au Cameroun, « le Gouvernement de la République entend une fois de plus apporter un démenti formel aux accusations portées contre les Forces Armées Camerounaises », a martelé le Mincom lors du point de presse du 18 novembre 2019 à Yaoundé.
Fondement de la présence des Forces sur le terrain
Selon le porte-parole du gouvernement, les raisons majeures qui ont contraint le gouvernement de la République à assurer une présence conséquente des Forces de défense et de sécurité dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont : la préserver l’intégrité territoriale du Cameroun face à des séparatistes hors la loi qui ont pris les armes contre la République, le devoir d’assurer la sécurité des personnes et des biens dans les Régions concernées. Dans le cadre de cette mission, elles s’illustrent dans de nombreuses actions civiles et militaires, au profit des populations. Dans ce chapitre le Mincom a cité:
-la reconstruction des ponts, des hôpitaux et d’autres bâtisses détruits par les séparatistes sécessionnistes,
-l’apport de la plupart des éléments des Forces de défense et de sécurité, ayant des qualifications multisectorielles, déployés au sein des établissements scolaires pour encadrer les élèves, en qualité d’instructeurs ou de professeurs, notamment, dans les localités où du fait de l’insécurité, le personnel enseignant se fait rare.
-les soutiens multiformes apportés par les éléments des Forces nationales de défense et de sécurité, non seulement, en matière de santé et dans la sécurisation des populations des zones affectées, mais aussi, dans la construction des points d’eau, l’octroi des dons, des aides alimentaires et d’autres aides spéciales aux diverses couches sociales desdites localités.
Des actions vérifiables qui portent témoignage des missions humanitaires menées par l’armée sur le théâtre des opérations dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, de l’Extrême-Nord, et le long de la frontière avec la République Centrafricaine. Des actions auxquelles les sécessionnistes répondent par des actes qui franchissent les limites de l’horreur et de la cruauté.
Le tableau sombre des sécessionnistes
Les innommables atrocités perpétrées par les bandes armées de sécessionnistes dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, tant à l’encontre des Forces de défense et de sécurité que des populations innocentes, contenues dans de nombreuses banques d’images et de vidéos n’ont jamais été condamnées par les Etats-Unis. Le Mincom a rappelé quelques-unes de ces atrocités :
-la décapitation de Madame Florence AYAFOR, le 29 septembre 2019, par des hommes se revendiquant d’une République imaginaire de l’Ambazonie ;
-l’ensevelissement d’une femme vivante à Batibo, dans le Département de la Momo ;
-la découverte macabre le 20 octobre 2019 de la tête détachée du reste du corps, de l’Officier de Police, Paul WANE, en service dans la ville de Bamenda ;
-l’incendie de l’hôpital de district de Kumba, il y a quelques mois, avec un bilan de 04 morts, dont 02 brûlés vifs dans leurs lits de malades ;
-l’incendie dans la nuit du 30 au 31 octobre 2019, du Centre de Santé de Tole, dans la région du Sud-Ouest, qui a causé d’importants dégâts matériels ;
-l’institution des « villes mortes » et le boycott des écoles et des hôpitaux, privant ainsi, d’une part, des centaines de milliers de jeunes camerounais de l’accès à l’enseignement et du droit à l’éducation, et d’autre part, l’immense majorité de la population du bénéfice des soins de santé élémentaires.
« Comment d’un côté, accuser les Forces camerounaises de défense et de sécurité, de violations des droits humains, et, de l’autre, rester insensible et muet devant les atrocités innommables commises au quotidien par les groupes armés sécessionnistes dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest ? », s’est interrogé le Mincom.
Dégâts collatéraux
« Aucune Armée au monde n’est exonérée des dégâts collatéraux. Les bavures des Forces de Défense et de Maintien de l’ordre, sont observables dans tous les pays, y compris aux Etats-Unis, sans que l’on puisse inférer systématiquement à un déni de démocratie dans les Pays concernés, ou à l’inexistence d’un Etat de droit », a rappelé René Emmanuel Sadi. « Enfin, le gouvernement camerounais tient, par ma voix, à réaffirmer ici, tout l’intérêt et l’attachement qu’il porte aux relations d’amitié et de coopération qu’entretiennent le Cameroun et les Etats-Unis d’Amérique », a conclu le porte-parole du gouvernement.