Les deux stars camerounaises, de la musique et du football, s’envoient des balles très acérées par réseau social et média interposés, en raison de leurs divergences de vue sur une question liée à l’actualité de la politique camerounaise, notamment de l’alternance.
Le « divorce patriotique » est consommé entre le footballeur Joseph Antoine Bell et son compatriote, le bassiste Richard Bona. Non pas à cause du football ou de la musique, leurs passions respectives. Ils se sont invités dans l’atmosphère très pesante de la politique au Cameroun ces derniers temps, et à cause de leurs divergences de vue, au sujet de l’alternance au sommet de l’Etat, tout est parti en vrille. Intrigues, insultes, attaques directes…, tous les coups sont permis. Ils s’envoient désormais des piques sans complaisance par réseau social et par media interposés. Un spectacle attisé par leurs fans respectifs, qui en raffolent sur le web.
L’alternance, c’est ce terme utilisé par Joseph Antoine Bell qui a mis le feu aux poudres. L’ancien Lion indomptable, invité le 14 juin 2020 de l’émission « Face à l’Actu » sur Spectrum Television (STV), interrogé sur ce sujet autrement posé par Maurice Kamto candidat malheureux à la dernière présidentielle, en évoquant un scénario en préparation d’une «succession de gré à gré» au sommet de l’Etat, il a répondu en ces termes :
«Pour vous dire comment nous sommes imprécis, quand nous utilisons les mots, lorsqu’on est passés du président Ahidjo au président Biya, il y en a qui ont considéré cela comme une alternance aussi. Non, ce n’est pas une alternance ! Et l’alternance n’est pas obligatoire. L’alternance, ça veut dire une fois chez-moi, une fois à droite, une fois à gauche. C’est ça l’alternance. Mais si le côté droit gagne toujours, ce n’est pas l’alternance, c’est un changement», avait-il déclaré.
Richard BONA répond avec véhémence!
Il était loin de s’imaginer qu’il s’attirerait la foudre des exégètes au régime de Paul Biya, qui se lassent de son surérogatoire règne à la tête de l’État, et qui appellent à une alternance sans compromis. Parmi ceux-là, le bassiste Richard Bona. Le musicien camerounais basé aux Etats-Unis et très critique de la politique du Renouveau et ses hommes, a eu comme un pincement au cœur en entendant l’ex-footballeur alléguer que «l’alternance n’est pas obligatoire…». Il a violemment réagi à cette sortie de la star du ballon rond.
Stupéfié, Richard Bona va, dans un message sur sa page Facebook, annoncer qu’il a «un maillot de gardien à mettre dans (sa) poubelle». Plus tard dans une vidéo sur la même page, le bassiste bat en brèche l’analyse du footballeur, à travers un argumentaire inspiré de son activité chez les Lions indomptables.
«Si l’alternance n’avait pas eu lieu chez les Lions indomptables, il n’aurait pas fait un match, Joseph Antoine Bell. On avait un très, très bon gardien. Thomas Nkono était un excellent gardien. Mais il y a eu alternance, et grâce à ça Joseph Antoine Bell a pu aussi jouer», renchérit l’artiste.
Ce tacle appuyé de Richard Bona a laissé des estafilades au mollet de Joseph Antoine Bell. L’ancien capitaine des Girondins de Bordeaux s’est mis sur la défensive. Il tentera de déconstruire, du tac au tac, le propos de Bona sur cet exemple tiré du football, arguant qu’ «il ne s’est jamais agi d’alternance mais de concurrence, qui offrait une alternative aux entraîneurs».
La fête commence entre les deux stars
Le brasier consume d’un feu incandescent. Le jeudi 2 juillet 2020, invité d’ABK Radio basée à Douala, Bell en a remis une couche, et a violemment assené un coup en dessous de la ceinture. «Un Camerounais qui se présente à la frontière du Cameroun avec un passeport étranger et attend qu’on l’admette dans notre pays parce qu’il a une guitare est un idiot».
Cette sortie est aussitôt parvenue au musicien. Tel dans un jeu de ping-pong, Bona a lui aussi répliqué. Les deux sont depuis lors dans la gadoue, et cette querelle de chiffonniers ne semble pas prête de s’arrêter. Richard Bona ayant d’ores et déjà annoncé qu’il fera une autre vidéo sur Facebook jeudi soir, «juste pour rigoler».