Farouche opposant à Paul Biya il y a encore quelques mois, Célestin Djamen se dit prêt à travailler avec l’adversaire qu’il vilipendait et honnissait hier. Le cadre démissionnaire du MRC a réitéré sur Radio Balafon le matin du 17 décembre 2020 qu’il était prêt à accepter une nomination du chef de l’Etat camerounais. Voici ce qu’il a répondu quand notre confrère Cyrille Bojiko lui a demandé s’il serait aujourd’hui prêt à collaborer avec le président Biya s’il le consultait pour faire partie du gouvernement pour ses idées: «Monsieur Kamto a beaucoup inspiré les gens. Monsieur Kamto, disait-on à l’époque, allait pour servir la République, le gouvernement. Je crois si j’ai bonne mémoire qu’il a fait sept ans au gouvernement et on a trouvé ça tout à fait normal. Je pense que Célestin Djamen peut aussi considérer qu’il est en mesure de servir la République. Je rappelle que monsieur Kamto était ministre de Paul Biya. Il est aujourd’hui président d’un parti d’opposition».
Relancé, Célestin Djamen a maintenu son propos en martelant qu’il n’entrerait pas dans un gouvernement de Paul Biya pour le servir, mais pour faire profiter de ses compétences à son pays. Il pense que ce ne serait pas une bonne chose de bouder l’appel de la patrie. «Je suis prêt à servir mon pays dans tous les domaines. Je ne rends pas service à un individu. Je rends service à mon pays. De la même manière que monsieur Kamto à l’époque a été sollicité pour venir remplacer l’équipe foireuse qui conduisait l’affaire de Bakassi, il a accepté au nom de la République. Et mieux encore, il est allé au gouvernement pour servir la République me semble-t-il. La même logique m’anime et je crois que c’est fondé parce qu’en vérité, quand on fait appel à vous parce que les choses ne marchent pas très bien parce qu’on pense que vous avez les qualités pour apporter une espèce de contribution à l’édification d’un pays encore plus prospère, je ne vois pas de raisons pour lesquelles je dirais «non» quand mon pays m’appelle», répond Célestin Djamen.
Une décision qui surprend peu l’opinion
L’ancien secrétaire aux droits de l’Homme et à la gouvernance de ce parti l’a annoncé lundi 14 décembre, lors d’une conférence de presse à Douala. Célestin Djamen quitte ainsi le navire, Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc). L’homme politique, qui avait rejoint la formation dirigée par le Pr. Maurice Kamto en 2018, en provenance du Social Democratic Front (Sdf), l’a fait savoir à l’opinion nationale et internationale.
« Je quitte le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun. En termes juridiques, ça s’appelle une démission », a déclaré Célestin Djamen, après quelques mots d’introduction et des remerciements à l’endroit des médias présents. L’orateur tiendra à rappeler ne pas être en rupture idéologique avec la formation politique qu’il quitte ainsi. Son départ est motivé par d’autres raisons. Notamment des décisions prises par la direction de ce parti. « Un parti politique, c’est d’abord une vie, et des pratiques. Malgré les belles idéologies couchées sur le papier, si les pratiques politiques sont en déphasage avec l’idéologie, si les décisions ne s’arriment pas aux attentes (…) cette attitude peut impacter très négativement l’avenir du parti », dira M. Djamen.
Et donc, la décision du Mrc de ne pas aller aux élections législatives et municipales de février 2020 n’a pas été du goût de Célestin Djamen. « Tous les militants étaient partants pour les élections. Ils étaient gonflés à bloc, pour avoir travaillé pendant huit ans dans l’attente de ce grand moment. J’ai pensé à eux », ajoute le démissionnaire, estimant que le parti avait de sérieuses chances de l’emporter dans différentes circonscriptions. Notamment à Douala. « C’est d’autant plus insensé que le pic d’audience et la popularité du Mrc étaient incontestables », déplore-t-il. Quid de son avenir politique ? L’ex-militant du Mrc ne rejoint pas une autre formation de la place. Mais annonce qu’il va travailler à la mise sur pied d’une « plateforme républicaine », appelée à « sublimer la République ». Une autre conférence de presse est annoncée pour les détails de cette question. Le « guerrier » était aux yeux de l’opinion quelque peu versatile dans ses prises de position, mais avait toujours su montrer son désaccord en public et en privé à Maurice Kamto, notamment au sujet des élections locales de 2020.