Lancé en 2003 pour la construction, l’exploitation et l’entretien d’un oléoduc d’environ 1070 km, des champs pétrolifères de Doba au Tchad au large de l’Océan Atlantique à Kribi, ce projet traverse le territoire camerounais sur près de 890 km.
Tout a été fait pour que les choses aillent vite. La durée des travaux de construction du pipeline, initialement prévue pour cinq ans, a été ramenée à trois ans de 2000 à 2003, au moment de l’approbation du projet par la Banque mondiale en juin 2000. Mis en service en juillet 2003, six mois avant l’échéance initiale, la première cargaison de pétrole a été exportée en octobre 2003. L’évacuation du pétrole brut tchadien à travers le pipeline génère des recettes pour l’Etat du Cameroun, au titre de droit de transit, directement versé par la Cameroon Oil Transportation Company (COTCO) au Trésor Public camerounais.
Compte tenu des risques environnementaux liés à la construction et à l’exploitation de ce pipeline, COTCO s’est engagée à prévenir et à minimiser les impacts environnementaux négatifs du projet à travers la mise en œuvre d’un plan de gestion environnementale (PGE) qui prévoit notamment : la compensation des populations et des communautés riveraines du pipeline, la protection du patrimoine culturel, la création de la fondation pour l’environnement et le développement au Cameroun (FEDEC) devenue d’utilité publique en novembre 2001. Cette fondation est chargée de la mise en œuvre d’un programme d’améliorations environnementales, et de l’aménagement des parcs nationaux à Campo-Ma’an dans le Sud, et au Lom et Djerem à l’Est. L’aménagement d’un plan pour les peuples autochtones vulnérables, pygmées Bakola-Bagyeli de Lolodorf à Kribi, est également prévu. À travers les administrations compétentes, l’État assure le suivi de l’exécution de ce projet aux nombreuses retombées.
Retombées économiques
la Société nationale des hydrocarbures (SNH) a révélé que le pipeline Tchad-Cameroun continue de générer des recettes à l’État camerounais. À la fin du troisième trimestre 2019, le droit de transit a rapporté près de 30 milliards de F, soit une hausse de 23% en glissement annuel, équivalant au volume cumulé de plus de 35 millions de barils de pétrole enregistrés.
Près de 2000 entreprises camerounaises ont bénéficié de divers contrats de prestation de services dans le cadre du projet pour un montant avoisinant 270 milliards de F. Grâce au câble à fibres optiques posé dans la même tranchée que le pipeline, la République du Cameroun pourra améliorer son réseau de télécommunications. Ces fibres sont reliées au réseau de télécommunications existant par 14 points de sortie aménagés le long du tracé : Kribi, Lolodorf, Ngoumou, Mbankomo, Zamengoue, Obala, Nkoteng, Nanga Eboko, Belabo, Goyoum, Mabele, Meidougou, Gangui et Nana. Pour les besoins d’acheminement du matériel nécessaire à la réalisation du Projet, divers travaux d’amélioration des infrastructures routières ont été réalisés. La réfection de la route Ngaoundal-Pont sur la rivière Mbéré, dans la partie nord du tracé, longue de 435 km avec un axe bitumé de 135 km, englobe ponts, dalots et autres ouvrages d’assainissement.
Retombées sociales et culturelles
Toutes catégories professionnelles confondues : ingénieurs, cadres administratifs, ouvriers qualifiés et non qualifiés, le nombre de personnes employées par le projet a été de 6 420 dont 5 659 Camerounais.
Conformément à ses engagements, l’État a mis à la disposition du projet les terrains nécessaires pour sa réalisation. 4 123 personnes, non déplacées, ont été identifiées comme étant touchées par les travaux. Les exploitants ou propriétaires des mises en valeurs et biens détruits par le projet ont été indemnisés, en nature ou en espèces, selon leur choix. Le coût total de ces opérations s’est élevé à près de 4 milliards de F, dont environ un milliard de F payé par la République du Cameroun au titre d’indemnisations, et près de 3 milliards de F débloqués par COTCO au titre de compensation additionnelle conçue pour tenir compte de la valeur marchande des biens, conformément au plan de compensation élaboré après consultation des populations et des ONG, et approuvé par la Banque Mondiale. L’important flux financier ainsi injecté dans ces régions essentiellement rurales a permis aux populations de réaliser des microprojets de développement générateurs de revenus, et d’améliorer leurs conditions de vie notamment par l’aménagement de l’habitat.