Au deuxième jour de sa visite officielle, la toute première au Cameroun depuis son accession à la magistrature suprême de son pays, consacrée à « la construction d’un nouveau partenariat avec l’Afrique », le président de la République française, Emmanuel Macron, a été reçu en audience au palais de l’Unité de Yaoundé par le président Paul Biya. Les deux chefs d’Etat ont fait le tour d’horizon de l’actualité au Cameroun et en France, et repasser les événements qui agitent la scène internationale. Les menaces à la sécurité dans la sous-région Afrique centrale et sur tout le continent, la crise énergétique, les perturbations du marché mondial des céréales et l’inflation généralisée, la guerre en Ukraine, les destructions et ses répercussions planétaires ont également meublé les échanges entre les présidents Paul Biya et Emmanuel Macron.
« Le président Macron et moi-même, sommes d’avis que tout doit être fait pour arriver à une cessation rapide des hostilités. Pour cela, la logique de la confrontation doit céder le pas à celle de la conciliation et du dialogue », a déclaré le président Paul Biya, dans son propos liminaire, face à la presse après deux heures d’échanges avec son homologue français. Des entretiens qui les ont confortés dans leur détermination à œuvrer sans relâche au fonctionnement d’une relation fructueuse et mutuellement bénéfique. Le Sage panafricain a particulièrement exprimé sa joie d’accueillir le président français ainsi toute sa délégation. « Cette visite porte témoignage de la grande qualité et de la solidité des relations anciennes qui unissent nos deux pays », a-t-il reconnu. La presse française est notamment revenue sur la question de l’alternance politique au Cameroun en 2025. La réponse du président Paul Biya a été nette et sans ambages : « Comme vous le savez, le Cameroun est dirigé conformément à sa Constitution. Et d’après cette Constitution, le mandat que je mène a une durée de sept ans. Alors, essayez de faire la soustraction : 7- 4 ou 3, et vous saurez combien de temps il me reste à diriger le pays. Mais, autrement, ce sera su ; quand ce mandat arrivera à expiration, vous serez informé sur le fait de savoir si je reste ou si je m’en vais au village. »
A sa suite, le président Emmanuel Macron a décliné les raisons de sa visite au Cameroun : la profondeur de la relation franco-camerounaise et le caractère exceptionnel de l’amitié entre nos deux pays ; la place du Cameroun en tant que partenaire stratégique de la France en Afrique centrale, une région à laquelle il « souhaite consacrer plus de temps lors de ce second quinquennat ». Le locataire de l’Elysée a promis de porter à un niveau encore plus élevé les concours de la France en faveur du Cameroun, surtout en matière de développement économique. Par ailleurs, il s’est dit admiratif des talents dont regorge la jeunesse camerounaise dans tous les domaines. Le chef de l’Etat français s’est expliqué sur ce que la presse camerounaise perçoit comme un traitement discriminatoire à l’égard de l’Afrique par rapport à l’Ukraine, dans les soutiens de la France aux pays en difficulté économique ou sécuritaire, sur ses déclarations publiques face à l’interpellation des activistes camerounais de la diaspora concernant la marche de la démocratie et le respect des droits de l’Homme au Cameroun, et enfin, sur la nécessité pour la France d’assumer la responsabilité des crimes commis par l’armée française lors de la guerre de libération au Cameroun. A toutes ces questions, le président Macron a apporté des réponses édifiantes. S’agissant notamment de la question mémorielle, il a annoncé la mise sur pied d’une commission multidisciplinaire entre la France et le Cameroun pour faire la lumière sur cet épisode douloureux de notre histoire commune.