La nouvelle a réveillé les populations de Foumban. Dès les premières heures du 27 septembre, une foule immense avait déjà envahi les alentours du palais question de vérifier ce qui était considéré comme une rumeur à ce moment-là. La mort de leur roi sa majesté Ibrahim Mbombo Njoya. Même si elle a été confirmée, en terre Bamoun, les traditions sont strictes. Pas de deuil ou de lamentations concernant leur sultan tant que la grande annonce n’a pas été faite par le chef des notables. Pendant ce temps, le préfet du département du Noun, Donnacien Um descendu sur les lieux, a pris le soin de mettre des scellées sur les différentes résidences et espaces du Palais en compagnie du procureur de la république et des forces de maintien de l’ordre. Selon le chef de terre, il s’agit d’une « procédure conservatoire pour sécuriser » les lieux. L’annonce coutumière très attendue du décès va marquer le début effectif des cérémonies pour rendre hommage à celui qui a siégé sur le trône du royaume Bamoun de 1992 à 2021.
Leader, patriote et visionnaire
Le sultan, roi des Bamoun, Ibrahim Mbombo Njoya, disparaît après avoir mené une vie et un parcours d’exception. Alors qu’il était un jeune prince ; il a entamé sa carrière professionnelle au lendemain de l’indépendance du Cameroun en tant qu’administrateur civil. Il occupe successivement les fonctions de chef de cabinet du secrétariat d’Etat chargé de l’Information et directeur de cabinet du ministre des Forces armées (1960 et 1961). Ibrahim Mbombo Njoya devient ministre des Postes et Télécommunications entre 1982 et 1983 ; ministre de l’Information et de la Culture, de 1986 à 1988 et ministre de l’Administration territoriale entre 1988 et 1990. Par deux fois il occupe le fauteuil de ministre de la Jeunesse et des Sports ; entre 1983 et 1986 puis de 1990 à 1992. Patron des sports, il assure l’intérim du Premier ministre en 1991.
Au fil du temps, Ibrahim Mbombo Njoya devient ambassadeur du Cameroun en République de Guinée équatoriale de 1970 à 1974, ambassadeur du Cameroun en République arabe d’Egypte, entre 1974 et 1980. Sénateur depuis 2013, Ibrahim Mbombo Njoya était membre du Bureau politique du Rassemblement démocratique du peuple camerounais.
Il sera intronisé 19e roi de la dynastie Ncharé, pendant qu’il officiait encore comme ministre chargé des Relations avec les assemblées en 1992. Roi durant 29 ans, Sa Majesté Ibrahim Mbombo Njoya avait une réputation d’un homme pacifique et tolérant, ferme dans sa tâche, engagé derrière son peuple, derrière sa patrie qu’il n’a fait que servir toute sa vie.