Selon Guibai Gatama, le mouvement « 10 millions de nordistes », « vise à promouvoir et à défendre les intérêts du grand Nord dans un esprit républicain. Il est impérieux que chaque nordiste en fasse la promotion pour une appropriation collective de notre poids au Cameroun ». Mais la réalité est tout autre. Plusieurs ressortissants des régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord, ont saisi le ministre de l’Administration territoriale (Minat) pour dénoncer des « manœuvres obscures auxquelles ils ne sont ni de près ni de loin associés et dans lesquelles ils ne se reconnaissent pas », de la part de ce mouvement. Le 14 octobre, par exemple, des requêtes aux fins de sursis à exécution de toutes les décisions rendues par le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative dans le cadre du concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), session 2020, ont été déposées au Tribunal administratif du Centre à Yaoundé.
Convaincu que les publications de ce mouvement portent « gravement atteinte à l’unité nationale et à la coexistence pacifique entre les différentes communautés nationales », et plus grave, que ce « mouvement n’a aucune existence légale », Paul Atanga Nji, le Minat a pris une importante décision. « Est nul et de nul effet pour défaut de déclaration, objet et activités contraires à la Constitution et de nature à porter à l’unité nationale, à l’intégration nationale et au principe de coexistence pacifique entre les composantes sociologiques de la nation, le mouvement dénommé « 10 millions de nordistes », ayant pour promoteur et porte-parole Monsieur Guibai Gatama ».
Dans ce cas précis, Paul Atanga se fonde sur l’article 4 de la loi n°90/53 du 19 décembre 1990. Elle stipule que, « les associations fondées sur une cause ou en vue d’un objet contraire à la Constitution, aux lois et aux bonnes mœurs, ainsi que celles qui auraient pour but de porter atteinte notamment à la sécurité, à l’intégrité territoriale, à l’unité nationale, à l’intégration nationale et à la forme républicaine de l’Etat, sont nulles et de nul effet ». En appelant, de manière « insidieuse et sournoise », les Camerounais à se dresser les uns contre les autres, les idées véhiculées par ce mouvement sont « attentatoires à l’unité nationale et au vivre ensemble », soutient le Minat.
« Sont et demeurent interdites sur toute l’étendue du territoire national, toutes activités, publications, réunions et manifestations initiées ou soutenues par le mouvement dénommé « dix millions de nordistes », tout groupement apparenté ou poursuivant un but similaire ou par toute autre personne s’en réclamant », arrête Paul Atanga Nji. Dès lors, tout contrevenant s’expose à la rigueur de la loi, notamment les dispositions des articles 113 et 241-1 (nouveau) du code pénal.