L’avocat Christian Ntimbane, parrain et caution morale de SCSI, affirme avoir découvert que ce n’était pas 1,1 million d’euros qui avaient été levés à l’origine, mais huit fois plus. Pour tenter dissiper la colonne de doute qui monte de la maison SCSI, l’avocat préconise un audit judiciaire. « J’ai proposé pour clarifier les choses un audit judiciaire ou une sorte d’expertise judiciaire parce qu’il est fait par un auditeur désigné par un juge, sous le contrôle d’un juge, en toute indépendance, qui vont faire le travail en toute indépendance ou en toute neutralité. Jusqu’à présent on a eu des audits amiables qui n’ont pas tous les éléments forcément, puisque les personnes qui sont suspectées, si je peux le dire ainsi, ce sont elles qui ont produit les documents aux auditeurs », a confié Me Christian Ntimbane, au micro de RFI. En effet, malgré deux audits externes, les doutes sur un possible détournement de fonds subsistent. L’on parle de la disparition de plus de 200 millions de F.
Où est passé l’argent manquant à la plateforme Survie-Cameroon Survival Initiative (SCSI) ? La thèse d’un bug informatique soutenue par Maurice Kamto, le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), passe mal. « Qui peut croire à un bug ? », s’interroge notamment Christian Penda Ekoka, ex-dirigeant de SCSI dans une vidéo sur Facebook. Les comptes du MRC étant bloqués au Cameroun, l’argent de SCSI était géré depuis la France, par la branche Europe du parti. Christian Penda Ekoka accuse cette branche Europe du MRC de ne pas avoir été totalement transparente et de ne pas avoir donné accès à toutes les données réclamées lors du premier audit. Un autre soutien de poids de Maurice Kamto, dans la perspective de la présidentielle d’octobre 2018, tonifie la thèse d’une malversation financière.
Célestin Djamen, le président de l’Alliance patriotique et Républicaine (APAR), remet en cause la moralité des gestionnaires de SCSI. « Même en admettant la pseudo-explication du bug informatique et la panne du convertisseur de devises, la question essentielle demeure: a-t-on retrouvé la somme manquante ? Où sont passés les 217 millions de F ? », s’est-il interrogé sur sa page digitale officielle, le 5 mai. Poussant la réflexion sur la qualité des fonds issus d’un appel public à la générosité, le président de l’APAR et transfuge du MRC évoque plusieurs pistes sous la forme d’un long questionnement. « Les détournements de fonds issus d’une collecte faisant appel au public ne sont-ils pas assimilables au détournement de fonds publics ? Si oui une action judiciaire est-elle envisageable ? Des responsables politiques à la moralité douteuse méritent-ils la confiance du peuple ? Les escrocs politiques, du pouvoir, comme de l’opposition ou de la présumée opposition ont-ils de cité ? », sonde Célestin Djamen, avant de conclure ironiquement : « On attend toujours l’audit, même dans 10 ans ». Affaire à suivre donc.