Les jours se suivent et se ressemblent fatalement pour certains militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). Sans doute, face à l’étau qui se resserre, un peu plus toutes les 24 H, revisitent-ils toutes les mises en garde faites par le gouvernement dans le but de les dissuader de se lancer à nouveau dans des manifestations interdites. Poursuivant le « départ pur et simple de M. Paul Biya du pouvoir », selon leurs organisateurs, les marches du MRC, prévues le 22 septembre 2020 ont été annulées. Faisant la sourde oreille, le directoire de cette formation politique les a maintenues.
Une attitude qui a immédiatement provoqué la mise en branle d’un arsenal juridique. Tout se passe donc comme indiqué par le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, dans un communiqué datant du 28 septembre :
- Certaines des personnes arrêtées dont l’implication dans le projet insurrectionnel du MRC a été jugée dérisoire ont été relâchées. D’autres le seront, le cas échéant, au fur et à mesure de l’évolution de l’enquête judiciaire en cours.
- Certains meneurs et organisateurs de cette aventure insurrectionnelle ont également été arrêtés et répondront de leurs actes devant la justice. D’autres sont activement recherchés par les services de sécurité aux mêmes fins.
- La situation du leader du MRC fait l’objet d’un examen attentif par les instances judiciaires compétentes.
- Celle du parti politique MRC, qui s’illustre négativement depuis plusieurs années par des activités attentatoires à la paix si chère aux Camerounais, fait également l’objet d’un examen attentif par le ministère de l’Administration territoriale.
Les avocats de Maurice Kamto ont déposé, lundi 5 octobre, une requête pour demander à la justice d’ordonner la levée du blocus autour de la villa du président du MRC. La requête a été aussitôt rejetée. Les avocats comptent maintenant assigner les autorités pour « voies de fait ». Il fait remarquer que les forces de maintien de l’ordre sont sur la voie publique, à aucun moment, elles n’ont pénétré dans son domicile. D’après le dernier recensement des avocats du MRC, 250 manifestants ont été présentés aux juges ces derniers jours, une centaine sont poursuivis pour « terrorisme, insurrection, hostilité envers la patrie », une cinquantaine sont encore en garde à vue, poursuivis qu’ils sont par le tribunal militaire. « S’ils sont poursuivis, ce n’est pas seulement parce qu’ils ont manifesté sans autorisation, il faut se souvenir de l’objectif de ces marches qui était le départ du président Paul Biya », rappelle, sous anonymat, un observateur averti pour justifier que les faits reprochés à certains militants du MRC relèvent bien de la compétence du tribunal militaire.
De leur côté, Alain Fogué, le trésorier du MRC, et Bibou Nissack, le porte-parole, sont toujours en garde à vue administrative au secrétariat d’État à la défense (Sed). L’attitude des militants du MRC laisse croire qu’il est encore nécessaire de rappeler qu’une démocratie a pour seul arbitre le peuple souverain. Et surtout « ce ne sont ni les réseaux sociaux, ni tel ou tel organe de presse qui peuvent changer les résultats d’une élection, encore moins les manifestations illégales, les violences et les attaques personnelles ou haineuses », rappelait, le 31 décembre 2019, le président Paul Biya, qui a toujours vu la participation au débat, et non au combat, comme le comportement modèle de tout citoyen intéressé par la politique dans un pays démocratique.