La marche sur Yaoundé était un échec cuisant ! C’est la principale leçon à tirer par Maurice Kamto, le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), et ses alliés. Le Cameroun n’est pas l’Italie ! Même si sur les réseaux sociaux le MRC pourraient valablement se targuer des effectifs du Parti fasciste en Italie, il y a 98 ans, la ruse de la « marche sur Rome » utilisée par Benito Mussolini n’a pas pu être rééditée à Yaoundé. Comme le Parti fasciste en 1922, le MRC se trouve actuellement incapable de convaincre le corps électoral camerounais. Après un « retentissant » 14,23% au soir de la présidentielle du 7 octobre 2018, le MRC a faussé compagnie au corps électoral lors des élections législatives et municipales du 9 février 2020. Jusque-là, tout le rapproche du Parti fasciste. Maurice Kamto s’est de toute évidence trompé de lieu et de date.
C’était le 28 octobre 1922. Ce jour-là, 25 000 Chemises Noires fascistes descendaient sur la capitale pour contraindre le roi Victor-Emmanuel III à charger Benito Mussolini de former un nouveau gouvernement, ce qu’ils réussissent. C’était à Rome en Italie et non Yaoundé au Cameroun, un 28 octobre 1922 et non un 22 septembre 2020. En lui disant « non », l’écrasante majorité des Camerounais connaissait la suite de l’histoire de Benito Mussolini : 22 ans de tragédie, d’arrestations, de déportation, d’assassinats, de privations de liberté et d’expéditions coloniales plus ou moins réussies. Et pour finir, la participation à la seconde guerre mondiale aux côtés des nazis hitlériens contre les démocraties occidentales.
Résultat des marches, le 22 septembre 2020, la marche sur Yaoundé n’a pas eu lieu. L’on note quelques sporadiques apparitions de badauds à Douala et à Bafang. En déclarant que « toute convocation du corps électoral avant la résolution de la crise anglophone et la réforme consensuelle du système électoral actuel, emportera automatiquement le lancement d’une gigantesque campagne nationale d’appel au départ pur et simple de M. Paul Biya du pouvoir », Maurice Kamto déclarait la guerre au peuple souverain qui a confié, en toute lucidité, l’exercice de son pouvoir au président Paul Biya. Il déclarait aussi la guerre à la démocratie, en quête de consolidation au Cameroun, avec en ligne de mire la mise en place des conseils régionaux, organes sensés impulser le développement local. En toute lucidité donc, Maurice Kamto et ses alliés ont tapé sur l’essaim d’abeilles. Se plaindre des piqûres aujourd’hui est totalement irresponsable. Dire que Pr. Alain Fogue Tedom, trésorier national du MRC et Olivier Bibou Nissack, conseiller et porte-parole du président national du MRC, ont été arrêtés « illégalement » est tout simple faire preuve de mauvaise foi, car appeler au « départ pur et simple de M. Paul Biya du pouvoir » est acte insurrectionnel réprimé par la loi. Le président Paul Biya a été crédité d’un confortable score de 71,28% à l’issue de la présidentielle du 7 octobre 2018. A ce titre, il gouverne au nom du peuple camerounais. L’entêtement du MRC et ses alliés achoppe désormais sur la rigueur de la loi.
La loi est dure, mais c’est la loi. Dans un communiqué rendu public le 28 septembre par le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement de la République, les pouvoirs publics annoncent clairement leur intention de faire appliquer, avec la plus grande fermeté, les lois en vigueur. Lorsque Maurice Kamto affirme qu’« une force puissante s’est levée ce 22 septembre. Elle doit continuer sa course jusqu’à l’atteinte du but qu’elle poursuit, (…), faute de quoi les marches pacifiques se poursuivront, pour appeler au départ du pouvoir de M. Paul BIYA et de son régime », cela n’est que subterfuge. Après des actes hautement dangereux contre la sûreté de l’Etat, le temps est venu pour la justice de se mettre en branle. L’article 111 de la loi nº2016/007 du 12 juillet 2016 portant Code pénal, stipule qu’ « est puni de l’emprisonnement à vie celui qui, en temps de paix, entreprend par quelque moyen que ce soit de porter atteinte à l’intégrité du territoire ». L’article 114 de la même loi rappelle qu’ « est puni de l’emprisonnement à vie, celui qui tente par la violence, soit de modifier les lois constitutionnelles, soit de renverser les autorités politiques instituées par lesdites lois ou de les mettre dans l’impossibilité d’exercer leurs pouvoirs ».
La loi est dure, mais c’est la loi. « La démocratie, ce n’est pas l’anarchie. Quand on commet des actes de vandalisme, on croit qu’ils sont dirigés contre le pouvoir établi. En réalité, ces actes sont dirigés contre nous-mêmes, parce que tel est aujourd’hui dans l’opposition, qui pourra, un jour, se retrouver dans la majorité, et vice-versa. En définitive, notre objectif commun c’est de servir le peuple camerounais », confiait le président Paul Biya, à Eric Chinje, le 11 avril 1991 à Yaoundé, au cours d’un entretien de plus d’une heure, dans un contexte marqué par les manifestations à l’Université et la crise économique. Maurice Kamto fait bien de reconnaître que le Cameroun est un pays béni de Dieu. En fait c’est Dieu qui a inspiré le discernement dont s’est servi le peuple afin de mettre à nu une tentative de réédition, 98 ans après, de l’une des plus désastreuses révolutions enregistrées dans l’histoire, à savoir la « marche sur Rome ».