Comment se porte Marafa Hamidou Yaya ? Celui que Jeune Afrique présentait comme « le masque de fer » le plus important du régime de Paul Biya se porte de mieux en mieux, selon des confidences de quelques proches. Ces mêmes confidences indiquent que l’ancien secrétaire général de la présidence de la République veut désormais se faire discret. Un challenge pour cet aristocrate, qui continue de clamer son innocence.
Il y a quelques mois encore, il écrivait, dans les colonnes du quotidien Le Messager, une tribune au style racé comme à son habitude. On pouvait lire : « je voudrais d’emblée préciser à l’attention de vos lecteurs et à celle de l’opinion en général que je ne suis ni impliqué ni concerné par l’affaire Albatros et que le prétexte de détournement de deniers publics dans l’affaire BBJ-II invoqué pour justifier mon arrestation et mon incarcération, n’a pas résisté à un examen par les différentes juridictions ».
On se souvient que Marafa Hamidou Yaya avait été condamné en 2012 par les juges du tribunal criminel spécial (TCS) pour complicité intellectuelle en rapport avec l’acquisition foireuse d’un avion destiné à l’utilisation du président camerounais. Un motif qui continue d’horripiler son avocate, Me Alice Kom. Qui est convaincue que l’arrestation et l’embastillement de Marafa n’est rien de plus qu’un artifice pour éliminer un adversaire de taille pour la course au pouvoir. Quoi qu’il en soit, cet ancien proche collaborateur du président Paul Biya purge sa peine dans une cellule du Secrétariat d’Etat à la défense (SED).
Quand il ne revient pas sur sa condamnation qu’il juge arbitraire. Marafa Hamidou Yaya trouve toujours le moyen de s’inviter dans l’actualité. En août dernier, à l’occasion de la célébration du sacrifice de l’Aïd, il adresse un message laconique et sibyllin aux Camerounais. « Cette fête porte une valeur universelle. Cette valeur universelle c’est le pardon. Le pardon qu’on demande, le pardon qu’on accorde »… Un message qui continue d’interroger.
Il est donc difficile de penser que Marafa Hamidou Yaya puisse s’arrêter de parler, d’écrire et de s’adresser à l’opinion. C’est dans son ADN que de parler. Personne n’a oublié ses lettres aux Camerounais, dès les premiers mois de sa condamnation. Une activité épistolaire qui avait fait couler beaucoup d’encre et de salive. Et pourtant, ces confidences que nous avons recueillies croient dur comme fer que le fils de Garoua, dans la région du Nord, a l’intention de garder le silence pendant quelques temps. A moins qu’un évènement vienne le pousser à se rassoir derrière son écritoire. Par contre, les mêmes sources ne veulent pas s’exprimer sur les raisons qui poussent Marafa Hamidou Yaya à vouloir garder le silence. C’est motus bouche cousue… pour l’instant.
Des honneurs à la déchéance
Marafa Hamidou Yaya, ancien ministre d’État en charge de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, avait en effet été condamné à vingt ans de prison ferme par la Cour suprême camerounaise Arrêté le 16 avril 2012, Marafa Hamidou Yaya avait été condamné par le Tribunal criminel spécial (TCS) à 25 ans de prison ferme le 22 septembre de la même année, pour coaction de détournement de 31 millions de dollars (24 milliards de francs CFA), destinés à l’acquisition d’un avion neuf pour les voyages du chef de l’État.
Le TCS avait jugé coupable Marafa d’avoir apporté son aide (sa « complicité intellectuelle ») à un montage financier qui aurait été monté par Yves Michel Fotso et destiné à détourner la majeure partie des 31 millions de dollars destinés à l’achat de l’avion présidentiel. Clamant son innocence, l’ancien secrétaire général de la présidence de la République avait fait appel. Mais les juges de la Cour suprême ont confirmé sa condamnation, tout en allégeant sa peine, qui est désormais de vingt années de réclusion. L’audience aura duré plus de treize heures.