Le rapport d’audience adressé au ministre des Relations extérieures par le chargé d’affaires du Cameroun à Bangui, indique que l’objectif du groupe armé dénommé Mouvement de libération du Cameroun (MLC), est de « commettre des exactions sur les populations camerounaises et de combattre le régime de Yaoundé ». A la tête de ce groupe dont l’ambition déclarée est de déstabiliser le Cameroun, se trouve un certain « général » Fafour, de nationalité centrafricaine, « ancien élément du Mouvement Siriri et transfuge du groupe armé les 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation) ». La charge est en préparation à zone frontalière avec la République centrafricaine (RCA).
« Compte tenu de la gravité des faits allégués, je vous saurais gré des dispositions urgentes qu’il vous plaira de prendre à l’effet de recouper cette information et me communiquer, dès que possible, les résultats de vos investigations, pour la très haute information du chef de l’Etat », écrit Lejeune Mbella Mbella, le ministre des Relations extérieures, à Léopold Maxime Eko Eko, le directeur général de la Recherche extérieure. Si l’information délivrée par les autorités centrafricaines, témoigne de l’excellence des relations avec le Cameroun, elle appelle un réexamen des récents événements projetés par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), formation politique de Maurice Kamto.
Le boycott prôné par Maurice Kamto aux élections législatives et municipales du 9 février 2020, couvait le déclenchement d’une insurrection armée comme prolongement d’une insurrection populaire. Une situation qui aurait ouvert un autre front dans la région de l’Est, en dehors de ceux des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Par l’intermédiaire de Brice Nitcheu, des contacts avec des chefs rebelles centrafricains poches de la Séléka auraient été noués. L’offre de Maurice Kamto a reçu une fin de non-recevoir. Les chefs rebelles ayant préféré concentrer leurs énergies à la conquête du pouvoir en RCA. Ils nourrissent, en effet, l’ambition de renverser le régime de Faustin Archange Touadera. Certains observateurs confirment cette option, Bossangoa, le fief de Francois Bozizé, accueilli au Cameroun en mars 2013 après sa chute, étant devenu la plaque tournante de la coalition rebelle formée par la Séléka. Maurice Kamto aurait-il jeté son dévolu sur le MLC, pour assouvir sa soif de pouvoir au Cameroun ?
Longtemps considéré comme un havre de paix, une terre d’accueil, un pays de prospérité où il fait bon vivre, le Cameroun serait-il aujourd’hui victime de son hospitalité ? La dimension géopolitique et stratégique du pays le rend sensible à un ensemble de menaces sur le plan sécuritaire. Alors que la sous-région fait face à une vague de violences, la situation humanitaire aux frontières du Cameroun, du Nigeria et de la République Centrafricaine, reste préoccupante. L’insécurité transfrontalière progresse, faisant des victimes parmi les populations civiles. Elle résulte des mouvements de rébellions armés comme la Séléka, le Mouvement d’émancipation pour le delta du Niger (MEND), les Bakassi Freedom Fighters (BFF), auxquels s’ajoutent des attaques des coupeurs de route, des organisations criminelles ou terroristes à l’image de Boko Haram qui, depuis un certain temps écument le territoire camerounais.