Les menaces d’une partie de la diaspora, hostile au pouvoir en place à Yaoundé, et qui se distingue par un discours particulièrement haineux, sont prises au sérieux par le gouvernement de la République. « J’ai l’honneur de vous rappeler en urgence, mes prescriptions antérieures visant au renforcement des mesures de sécurité et la mise en place des procédures d’alerte en coordination avec les autorités compétentes du pays d’accueil, afin de prévenir tout acte de nature à porter atteinte à l’intégrité de nos locaux diplomatiques et consulaires », prescrit Adoum Gargoum, le ministre délégué auprès du ministre des Relations extérieures, dans une lettre circulaire signée le 7 septembre 2020, aux chefs de missions diplomatiques et consulaires du Cameroun. La convocation des collèges électoraux en vue de l’élection des conseillers régionaux, par le président de la République, a été perçue comme un véritable défi par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) que compte désormais soutenir la Brigade anti-sardinards (BAS) tapie dans la diaspora.
Pour empêcher la tenue de l’élection prévue le 6 décembre prochain, le parti de Maurice Kamto, le MRC, projette une série de manifestations à partir du 22 septembre prochain. Dans une vidéo devenue virale, Abdoulaye Thiam alias Calibri Calibro, figure de proue de la BAS, promet mettre sa menace, de brûler certaines ambassades, à exécution si les manifestations du MRC sont réprimées. « La diaspora prendra sa part de responsabilité. Elle n’en a que 20 ou 30% de cette responsabilité. Je le dis haut et fort, aux yeux et au su des autorités françaises, le sang d’un Camerounais, coule, l’Ambassade du Cameroun à Paris prend feu. Je le dis, et ce que Calibri dit, il le fait. Que je sois accompagné ou tout seul », déclare l’activiste habitué de mise en spectaculaire en France. Soutenant qu’ « aucune ambassade ne va résister à l’ouragan de la BAS », il ambitionne étendre la terreur aux missions diplomatiques du Cameroun en Allemagne, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis d’Amérique et en Belgique. « Nous donnerons de notre vie pour que triomphe cette révolution. La prison pourrait être bien. La mort, c’est un choix, et je fais ce choix. La patrie ou la mort, nous vaincrons », conclut-il.
Pour palier à toute éventualité, le ministre délégué auprès du ministre des Relations extérieures rappelle que les mesures de sécurité « devront être étendues aux résidences diplomatiques et à tous les bâtiments » de l’État du Cameroun à l’étranger. Il demande par ailleurs aux chefs de missions diplomatiques et consulaires de « bien vouloir instruire les responsables de nos Missions militaires et l’ensemble des services, de s’impliquer dans la mise en œuvre et l’animation de ce dispositif spécial de protection et de sécurisation de nos immeubles diplomatiques ». La protection des missions diplomatiques et consulaires est impérative dans les relations internationales.
Il est crucial que la communauté internationale garantisse la sécurité des missions et représentants diplomatiques et consulaires, pour les besoins des bonnes relations internationales. En vertu des conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et sur les relations consulaires, adoptées respectivement en 1961 et 1963, les États membres ont l’obligation d’assurer la sécurité des missions et représentants diplomatiques et consulaires qui se trouvent sur leur territoire. Le but des privilèges et immunités n’est pas d’avantager des individus mais d’assurer l’accomplissement efficace des fonctions des missions diplomatiques en tant que représentants des États.