L’Organisation des Nations Unies (ONU) va mobiliser des fonds supplémentaires pour aider le Cameroun dans l’assistance des réfugiés centrafricains. Annonce faite jeudi 4 février par le coordonnateur résident du système des Nations Unies au Cameroun, Matthias Z. Naab, lors d’une visite au camp des réfugiés de Gado-Badzere à Garoua-Boulaï, ville frontalière de la République centrafricaine (RCA) dans la région de l’Est.
Reconnaissant les besoins immenses des communautés d’accueil et des réfugiés, M. Naab propose un soutien de l’ONU basé sur la mobilisation de ressources supplémentaires auprès des donateurs et des partenaires, ainsi que sur des approches innovantes tel que le nexus entre l’humanitaire, le développement et la paix. Des milliers de Centrafricains affluent chaque jour au camp de Gado-Badzere en raison de la recrudescence de la violence dans leur pays.
Plus de 5000 nouveaux réfugiés sont arrivés dans ce camp au cours du dernier mois, indique le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Le HCR affirme que des ressources supplémentaires seraient nécessaires pour venir en aide aux nouveaux arrivants. Ce, alors que l’agence, comme d’autres organismes de l’ONU, fait face à un manque de financements et à un épuisement des ressources liées à la pandémie de Covid-19.
Réduction des rations
Les réfugiés luttent pour satisfaire leurs besoins quotidiens les plus fondamentaux, tels que la nourriture, l’eau, le logement ou les soins de santé et souffrent de niveaux élevés de malnutrition chronique. Le Programme alimentaire mondial (PAM) dit avoir besoin de 1,6 million de dollars pour nourrir les plus de 30 000 réfugiés du camp de Gado-Badzere. Ces fonds devraient permettre de « nourrir tous les bénéficiaires qui sont ici pour six mois », selon Wanja Kaaria-Ndoho, représentante pays du PAM.
Avec la baisse des financements, le PAM a été contraint de réduire de 50 % les transferts de nourriture aux réfugiés dudit camp. L’agence onusienne redoute que cette réduction des rations puisse inciter les communautés de réfugiés à se déplacer à l’intérieur des pays d’accueil, car elles sont de plus en plus désespérées de satisfaire leurs besoins fondamentaux.
En attendant, le coordonnateur résident du système des Nations Unies au Cameroun félicite le gouvernement camerounais pour l’assistance fournie à près de 0,5 million de réfugiés conformément au droit international humanitaire. Il salue également « les grands efforts » mis en place par les autorités camerounaises, les acteurs humanitaires et de développement pour apporter assistance à ceux-ci.
Une urgence et une bouée de respiration à trouver
Par ailleurs, les besoins en financements pour l’aide aux réfugiés centrafricains en 2021 s’élèvent à plus de 151 millions de dollars et sont actuellement financés à hauteur de 2% seulement. « Les besoins devraient encore croître du fait des tout derniers déplacements », a fait valoir M. Cheshirkov, appelant « la communauté internationale à mobiliser des fonds, afin que les organisations humanitaires puissent fournir une aide vitale aux réfugiés centrafricains et à leurs hôtes ».
Selon le Bureau pour la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), environ 100.000 personnes sont déplacées internes en RCA. Selon le HCR, l’instabilité persistante entrave les efforts d’aide humanitaire et pose des difficultés pour accéder auprès des déplacés internes. « La route principale habituellement empruntée pour ravitailler Bangui a été fermée », a indiqué le porte-parole de l’agence onusienne. Selon le HCR, des groupes armés se trouveraient dans les sites de Batangafo et Bria où des communautés déplacées ont trouvé abri – « un signe de violation manifeste de la nature humanitaire et civile de ces sites ». Pour l’agence onusienne, cette présence compromet fortement la protection des personnes déplacées, qui risquent le recrutement forcé, la restriction de mouvement, l’extorsion ou les menaces.