Le ministre délégué auprès du ministre de la justice Jean De Dieu Momo, a rencontré le conseil de l’ordre des avocats au Barreau du Cameroun mercredi 4 septembre 2019. Accusées d’être les « tortionnaires » des avocats, la police et la gendarmerie ont été aussi conviées à cette réunion.
La concertation visait à ressasser l’ensemble des griefs de tous les acteurs. Et à «formuler des propositions pour améliorer le service public de la justice », a fait savoir Jean de Dieu Momo.
Le 31 aout 2019, le Conseil de l’ordre, a annoncé un mot d’ordre de grève du 16 au 20 septembre 2019. Les hommes en robe dénoncent les entraves et violences dont ils sont victimes dans l’exercice de leur profession. Notamment au sein de certaines unités de gendarmerie et de police, et même dans des tribunaux. « Pouvez-vous imaginer Monsieur le ministre délégué, qu’un avocat aille assister son client dans une unité de gendarmerie ou de la police, et qu’il soit jeté dans une cellule sous les yeux de son client. Est-ce que vous imaginez cette scène-là ? Où l’avocat perd son honneur, où l’avocat perd de sa dignité, où l’avocat cesse d’exister », a solennellement déclaré le Bâtonnier, Maitre Charles Tchakoute Patie lors de son propos liminaire.
Dans son élan, il a proposé le chemin à suivre pour trouver la solution aux problèmes des avocats. « Qu’il soit mis en place, un groupe de travail, comprenant le Barreau et le ministère de la justice. Et impliquant la police et la gendarmerie. Il recensera dans les jours qui suivent, les problèmes de manière exhaustive, toutes les entraves à la pratique professionnelle des avocats. Et au-delà, s’inscrire dans une logique beaucoup plus durable ». De son côté, le ministre délégué a négocié la suspension du mot d’ordre de grève. Il a promis que la chancellerie travaillera avec toutes les parties prenantes afin de trouver une solution satisfaisante.
Si au nom du Barreau, le bâtonnier Charles Tchakoute Patie a remercié le ministre de la justice qui a initié la séance de travail tenue ce mercredi 4 septembre 2019 à Yaoundé pour trouver des solutions aux griefs des avocats, le Conseil de l’ordre ne s’est pas prononcé sur l’annulation de la prochaine grève des Hommes de lois en robe. Les avocats ont décidé de ne pas porter leur robe et de ne pas fréquenter les cours et tribunaux sur toute l’étendue du territoire du 16 au 20 septembre 2019 pour dénoncer les violences et entraves qu’ils subissent dans l’exercice de leur profession. Les policiers, gendarmes et autorités judiciaires sont particulièrement pointés du doigt. Les accusés ont pris l’engagement de changer de comportement. C’était ce mercredi pendant une réunion marathon organisé dans la salle des conférences du ministère de la justice.
Le ministre délégué Jean de Dieu Momo, qui présidait la réunion, a rassuré le Barreau sur les instructions écrites que la Chancellerie prescrira à bref délai aux procureurs généraux pour mettre fin aux dysfonctionnements observés dans le libre exercice de la profession d’Avocat dans leur ressort de compétence respectifs. Les représentants du Mindef et du Sed/Cgn ont, quant à eux, rassuré l’assistance sur les instructions à prescrire dans les meilleurs délais aux différents responsables des services déconcentrés dans le sens d’un strict respect des dispositions du Code de procédure pénale sur le déroulement des enquêtes judiciaires… Le Sed/Cgn a fait exprimer, par son représentant, sa disponibilité à recevoir le Conseil de l’ordre dans les meilleurs délais. Le Secrétaire d’État auprès du ministre de la justice chargé de l’administration pénitentiaire a donné les même assurances relatives au droit d’accès des conseils à leurs clients détenus » lit-on dans le communiqué final. L’on y apprend aussi qu’un groupe de travail ad hoc verra bientôt le jour pour une réflexion à moyen et long terme sur les problèmes posés par les avocats. En conclusion, le communiqué final indique que le Ministre délégué auprès du ministre de la justice « a émis le vœu de voir le Conseil de l’Oder reconsidérer son mot d’ordre de suspension du port de la robe et de la non fréquentation des cours et Tribunaux ». Le Bâtonnier Charles Tchakoute et ses pairs du Conseil de l’Ordre n’ont pas encore donné leur réponse.