Le 4 mai 2020, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un décaissement de 226 millions de dollars, environ 124,38 milliards de F, en faveur du Cameroun pour aider le pays à faire face aux répercussions de la pandémie de COVID-19 et aux chocs sur les termes de l’échange provoqués par la chute brutale des prix du pétrole. « Le financement d’urgence du FMI au titre de la facilité de crédit rapide aidera le gouvernement à atténuer les répercussions du double choc. Il faudra assurer un contrôle budgétaire rigoureux et faire preuve de transparence pour que l’aide accordée permette d’atteindre les objectifs visés », a déclaré Mitsuhiro Furusawa, le directeur général adjoint et président par intérim du conseil d’administration du FMI, à l’issue des débats. La preuve de transparence dans l’utilisation de ce prêt sans intérêts étant la principale conditionnalité à la conclusion d’un nouveau programme économique et financier avec le FMI, le président de la République a instruit « l’accélération de l’audit des fonds COVID-19 au ministère de la Santé publique », le 29 mars.
La correspondance de Ferdinand Ngoh Ngoh, le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République (SGPR), en date du 29 mars, est postérieure à celle du 15 décembre 2020 qui avait pour objet : « Audit des fonds COVID au ministère de la Santé ». L’opération était alors confiée au ministère en charge du Contrôle supérieur de l’Etat, pour un budget de plus de 32 millions de F. Seulement, dans un souci prononcé de clarté, le FMI aurait préféré la Chambre des comptes de la Cour suprême à la tête de cette mission. Le changement d’opérateur a causé un retard que le chef de l’Etat a souhaité rattraper à en croire la correspondance du SGPR le 29 mars. Quelles ont été les conclusions de l’audit conduit par la Chambre des comptes de la Cour suprême ?
A en croire la correspondance du 6 avril portant la signature du SGPR, de fortes irrégularités se dégagent de la gestion des fonds affectés dans la lutte contre la pandémie de COVID-19, car au lieu d’aboutir à la conclusion d’un nouveau programme économique et financier avec le FMI, elle conduit plutôt à « l’ouverture d’une enquête judiciare contre les auteurs, coauteurs et complices des cas de malversations financières y revelés ». Une fois de plus, des gestionnaires bénéficiant de la confiance du président de la République s’illustre par des comportements rétrogrades. Au moment où le chef de l’Etat agit avec détermination pour limiter la propagation du virus et ses effets sur le plan économique et social, en instruisant l’implémentation de solides mesures d’endiguement et d’atténuation de la crise, et en augmentant les dépenses visant à renforcer les interventions dans le domaine de la santé, certains de ses collaborateurs ne s’intéressent qu’à l’enrichissement personnel. Une véritable honte en pleine union sacrée lancée par le chef de l’Etat contre la pandémie de COVID-19, le 19 mai. Jusques à quand resteront-ils sourds aux principes de rigueur et de moralisation inscrits en lettre d’or dans le programme politique de l’homme du 6 novembre 1982 ? L’inoxydable architecte de la démocratie et de la prospérité a pourtant, depuis longtemps, fixé le cap.
« Il nous reste pour achever de moderniser notre démocratie à acquérir ce comportement citoyen qui fait passer l’intérêt général avant l’intérêt particulier. Il nous faudra pour cela éradiquer la fraude et la corruption qui entravent notre marche en avant. Nous allons nous y employer résolument », a promis le président candidat Paul Biya, le 5 octobre 2004 à Maroua. Dix-sept ans plus tard, il n’est pas rare que l’intérêt personnel prenne le pas sur l’intérêt général. La fraude et la corruption qui nuisent à la communauté nationale dans son ensemble, se sont malheureusement infiltrés dans l’administration qui devrait pourtant donner l’exemple. Dans le cadre d’un partenariat avec le FMI, venu à notre secours, les auteurs du ternissement de l’image du Cameroun ne sauraient rester impunis.