Il est formellement interdit à tout gendarme camerounais de s’afficher sur les réseaux sociaux, annoncent les autorités par la voix de Galax Etoga le 15 Octobre 2019 via un communiqué officiel. La mesure prend effet à compter du 1er novembre prochain.
Le secrétariat d‘État à la Défense, chargé de la gendarmerie nationale du Cameroun tape du poing sur la table. À partir du 1er novembre prochain, aucun gendarme ne s’affichera sur les réseaux sociaux comme Twitter, Facebook, ou WhatsApp.
L’ordre émane d’un communiqué signé de Galax Etoga, patron de l’institution. « Tout groupe WhatsApp regroupant des gendarmes, créé sans autorisation de M. le Sed-Cgn doit être instamment dissous sous peine de mesures répressives contre tous ses membres », peut-on lire dans le communiqué.
En effet, la mesure procède de quelques manquements d’ordre éthique et déontologique dont auraient fait montre des gendarmes dans l’usage des médias sociaux. « La sortie de Galax Etoga de ce 15 octobre n’est pas fortuite. C’est la suite logique d’un rappel à l’ordre de plusieurs gendarmes qui dévoilent leur identité de militaires sur les réseaux sociaux », rapporte par exemple certaines sources.
De l’avis d’experts militaires, sauf exception, la discrétion et le droit de réserve font partie des principes fondamentaux de la déontologie et de l‘éthique des forces de l’ordre. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle depuis la Troisième République (1870-1940), l’armée française par exemple est surnommée « Grande Muette ».
En outre, dans certaines conditions, pour utiliser des réseaux sociaux comme WhatsApp, Facebook ou Twitter, les gendarmes devront requérir l’autorisation de la hiérarchie militaire. C’est en tout cas ce qui ressort d’une décision signée de William Galax Landry Etoga, le secrétaire d’Etat à la défense chargé de la gendarmerie nationale.
Dans la même veine, le patron du SED demande aux gendarmes de supprimer des forums dans lesquels ils sont administrateurs et de supprimer des profils personnels qui les identifient comme militaire. Aussi, les gendarmes camerounais dans exercice de leurs fonctions ne sont plus autorisés à utiliser des téléphones portables et les forums militaires hébergés sur les réseaux sociaux devront être désinstallés.
D’après William Galax Landry Etoga, cette mesure est partie du constat selon lequel les gendarmes font des publications sur les réseaux sociaux qui vont à l’encontre de leur devoir de réserve. Il entend donc par ces mesures limiter la publication des documents officiels, confidentiels ou compromettants pour l’armée sur la toile. Même si le patron de la gendarmerie n’en fait pas nommément mention, plusieurs vidéos de tortures ou d’exactions attribuées à l’armée camerounaise dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest circulent sur les réseaux sociaux. Et à l’évidence, ces vidéos sont tournées par des militaires.
Même si certains voient en cette mesure un moyen efficace pour tout au moins encadrer voir limiter la fuite d’informations, il est tout de même utile de s’interroger. Notamment, si l’interdiction de l’utilisation des ressources numérique par des militaires ne devrait peut-être pas impacter négativement la communication entre ceux-ci, notamment sur des terrains de conflits comme la région de l’Extrême-Nord où l’armée est en guerre contre les éléments de la secte terroriste Boko Haram.
Rappelons aussi que la sortie du secrétaire d’Etat à la défense en charge de la gendarmerie nationale contre la publication des contenus confidentiels dans les réseaux sociaux n’est pas la première du genre. Dans une circulaire datée du 28 mars 2018, l’ancien premier ministre camerounais Philémon Yang s’insurgeait contre « la diffusion récurrente sur les réseaux sociaux ou d’autres moyens de communication de masse de documents présentant un caractère sensible et souvent revêtu de la mention ‘‘Confidentiel’’, ‘‘Secret’’ ou ‘‘Très secret’’.