En application des dispositions de la loi nº2019/006 du 25 avril 2019, le président Paul Biya a fixé le nombre de conseillers régionaux par département et par catégorie. Selon l’article 4 de ce texte de loi, dans chaque région, la proportion par catégorie des conseillers régionaux est fixée ainsi qu’il suit : « soixante-dix conseillers régionaux représentant la catégorie des délégués des départements ; vingt conseillers régionaux représentant la catégorie des représentants du commandement traditionnel ». Les détails de cette répartition sur l’ensemble des 58 départements du triangle national est désormais disponible. L’article 2 de ladite loi stipule que les conseillers régionaux sont « les délégués des départements, élus au suffrage universel indirect, par un collège électoral constitué des conseillers municipaux ; les représentants du commandement traditionnel, élus par leurs pairs, chefs de premier, deuxième et troisième degré. Seuls les chefs de premier et deuxième sont éligibles sauf dans le cas où la circonscription n’en dispose pas ». La répartition géographique des conseillers régionaux, intervenue après la définition de leurs insignes et attributs, le 13 juillet 2020, ouvre la voie à la convocation du corps électoral.
La fièvre des préparatifs monte dans les formations politiques. Les conseillers régionaux sont élus pour un mandat de 5 ans renouvelable. La loi exige que les candidats soient âgés de 23 ans révolus, au moins, à la date du scrutin ; recommande la prise en compte des différentes composantes sociologiques de la région ; et la prise en compte du genre. Au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), les textes de base prescrivent aux candidats aux élections régionales, loyalisme vis-à-vis des institutions républicaines ; engagement et expérience politiques ; militantisme et services rendus au parti ; représentativité, moralité, crédibilité et compétence ; respect des idéaux d’unité et d’intégration nationales ; prise en compte des droits des minorités ; prise en compte du genre.
Le 1er septembre à Yaoundé, Shanda Tonme, le président du Mouvement populaire pour le dialogue et la réconciliation (MPDR), a annoncé que son parti « prendra part aux prochaines élections des conseillers régionaux et exhorte le gouvernement à tout mettre en œuvre pour le plein succès des opérations tant attendues par le pays, par nos amis et partenaires comme la fin d’un cycle de formalisation et de structuration de la représentation populaire ». Dans un communiqué signé le 2 septembre, Ni John Fru Ndi, le chairman du Social democratic front (SDF), fait savoir que sa formation « ne participera pas aux élections régionales prévues dans les schémas actuels ». Mettant en avant la situation sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et exigeant la révision du code électoral, le SDF rejoint le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). Maurice Kamto, le président national du MRC, a récemment appelé le peuple camerounais à se soulever en cas de convocation du corps électoral alors que les exigences renouvelées par le SDF ne sont pas satisfaites.
Étant donné que l’implémentation, dans son intégralité, de la décentralisation rejoint l’une des recommandations du grand dialogue national, consacré à la résolution de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, son application par le président Paul Biya est à la fois respect de la parole donnée et devoir républicain vis-à-vis des revendications du peuple souverain duquel il tire toute légitimité. Face à cette option irréversible, à vos marques les marcheurs !