Depuis 2017, les sécessionnistes essayent de créer un État imaginaire dénommé « République d’Ambazonie » sur les terres des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. « Toutes les organisations humanitaires doivent rationaliser leurs opérations en Ambazonie et obtenir la permission des dirigeants politiques. Tous les travailleurs de la construction doivent cesser toute activité non autorisée par nos forces. Les contrevenants risquent d’être arrêtés. Amba est en guerre. Suivez les lois de la guerre établies par les dirigeants », a déclaré Ayaba Cho, qui d’après certaines sources, se trouverait aux États-Unis.
À l’instar d’autres professionnels opérant dans ces régions, les humanitaires sont la cible des séparatistes. Dans son rapport de février sur la situation dans la zone anglophone, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a reconnu que la situation de ces travailleurs restait précaire. « La sécurité est restée difficile, les partenaires ayant signalé plus de 55 incidents affectant directement les partenaires humanitaires. L’émergence de nouvelles coalitions de groupes armés non étatiques (NSAG) d’une part, et les divisions dans les rangs d’autres groupes d’autre part, ont rendu l’accès humanitaire plus complexe. Cette situation a été exacerbée par l’activité accrue de groupes criminels opérant de manière similaire à certains NSAGs », peut-on lire dans ledit rapport.
En août 2021 dans le Nord-Ouest, un Canadien travaillant pour le Comité international de la Croix rouge a été tué après une attaque des séparatistes. Un an auparavant, c’était un agent du Programme alimentaire mondial qui était tué également par des séparatistes.
Encore des civils en ligne de mire
Une bande de terroristes, lourdement armés a ouvert le feu sur un car » de la compagnie Golden Express en provenance de Douala et ayant à son bord 14 passagers , sept femmes et sept hommes, avait rapporté le porte-parole du gouvernement, René Emmanuel Sadi, ministre de la Communication en Septembre 2022. Selon lui, l’attaque s’était produite dans l’arrondissement de Muyuka du département du Fako dans le Sud-Ouest anglophone sur le tronçon reliant la capitale régionale Buea à Kumba, dans la même région. « Le bilan de cette attaque terroriste cruelle et barbare fait état de six morts, à savoir une femme (…) et cinq hommes (…), ainsi que huit blessés » , à savoir six femmes et deux hommes, avait alors ajouté René Emmanuel Sadi. « Le gouvernement de la République condamne avec la plus grande fermeté cette attaque lâche et ignoble perpétrée contre des civils innocents par des terroristes qui ont perdu toute humanité dans le but de semer la terreur au sein des populations » , avait-il précisé.
Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont le théâtre depuis six ans d’un conflit entre des groupes armés réclamant l’indépendance d’un Etat qu’ils appellent l’« Ambazonie » et des forces de sécurité massivement déployées par le pouvoir du président Paul Biya. Une partie de la population anglophone s’estime ostracisée par les francophones. Le conflit a fait plus de 6 000 morts depuis fin 2016 et forcé plus d’un million de personnes à se déplacer, selon le centre de réflexion International Crisis Group (ICG). Des travailleurs humanitaires, des membres des forces armées font partie constante des victimes & cibles de ces terroristes.