Après plusieurs renvois, le procès en appel du leader séparatiste Sisiku Ayuk Tabe et de ses neuf co-accusés a finalement eu lieu le 17 septembre à la Cour d’appel du Centre. Dans les conditions qui leur convenaient, les séparatistes ont assisté à la confirmation du jugement et des peines prononcées devant le Tribunal militaire de Yaoundé le 20 août 2019. Sont confirmées : la condamnation à une peine à perpétuité, et l’amende de 250 milliards de F. Sisiku Ayuk Tabe et neuf autres séparatistes sont reconnus coupables des dix chefs d’accusations retenus contre eux : « apologie des actes de terrorisme, sécession, complicité d’actes de terrorisme, financement des actes de terrorisme, révolution, insurrection, hostilité contre la patrie, propagation de fausses nouvelles, atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’État, défaut de Carte nationale d’identité ». Pour le moment, l’on ignore si les avocats de la défense vont se pourvoir en cassation.
Ce feuilleton judiciaire s’était ouvert en janvier 2018 avec l’arrestation des leaders sécessionnistes au Nigeria. « Demandeurs d’asile » après avoir mis le feu aux poudres dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, Sisiku Ayuk Tabe et ses sicaires ont été cueillis dans les jardins d’un hôtel d’Abuja le 5 janvier 2018, puis ramenés à Yaoundé vingt jours plus tard. La confirmation du verdict prononcé devant le Tribunal militaire le 20 août 2019, intervient après plusieurs renvois.
Dans les raisons des renvois, la question de la langue utilisée lors des audiences. Sisiku Ayuk Tabe et ses co-accusés posaient comme exigence, l’usage de l’Anglais. Une revendication satisfaite par plusieurs mesures prises par le président Paul Biya, dans la recherche de solutions pérennes à la crise qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Dans le chapelet de ces mesures figurent entre autres, la création de la section Common Law à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) dont la première cuvée est déjà déployée sur le terrain, le recrutement spécial des auditeurs de justice et des élèves greffiers d’expression anglaise, et la création de commission pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme.
Contrairement au 16 juillet, le leader séparatiste Sisiku Ayuk Tabe et ses co-accusés se sont levés le 17 septembre lorsque le président de la Cour leur a demandé de venir à la barre. Preuve que les dénonciations de Me Emmanuel Simh, qui estimait que l’« on a tendance à privilégier l’une des deux langues », relèvent désormais d’un passé révolu. Considérant qu’après le verdict du Tribunal militaire, la défense avait réclamé le renvoi des accusés au Nigeria, au motif qu’une « Cour d’Abuja avait jugé que leur extradition vers le Cameroun était illégale, dans la mesure où ils avaient obtenu au Nigeria le statut de réfugiés », le feuilleton du procès du leader séparatiste Sisiku Ayuk Tabe et ses co-accusés pourrait encore compter plusieurs épisodes.