Les pertes financières sont principalement dues aux décisions rendues par le Conseil de discipline budgétaire et financière (CDFB), évaluées à 249,131 millions de FCFA, ainsi qu’aux décisions du Tribunal criminel spécial (TCS), qui ont révélé une perte de 3,875 milliards de FCFA.
Le président de la CONAC, Dieudonné Massi Gams, explique que cette amélioration des pertes liées à la corruption est due en grande partie à l’augmentation du nombre de dénonciations. En 2022, la CONAC a reçu 7,061 dénonciations, soit une hausse de 356 cas (+5%) par rapport à 2021. Les dénonciations ont été reçues via différents canaux, tels que la ligne verte, le courrier administratif, le courrier électronique et le numéro WhatsApp.
Le détournement de biens publics apparaît comme l’infraction majeure, représentant 32,69% des dénonciations reçues à travers le courrier administratif. Cette augmentation du nombre de dénonciations témoigne d’une prise de conscience croissante de la population et de sa volonté de lutter contre la corruption.
Un autre facteur favorable à cette amélioration est l’augmentation du nombre de contributions externes pour l’élaboration du rapport. La CONAC a reçu 129 contributions externes en 2022, contre 96 en 2021, provenant de 29 départements différents. Cela démontre une participation accrue de la société civile et des acteurs externes dans la lutte contre la corruption.
Les secteurs les plus touchés par les récriminations sont les Domaines et les Affaires foncières, suivi de l’administration territoriale, des Finances, de l’Éducation et des Marchés publics. Ces résultats mettent en évidence la nécessité de renforcer les mesures de prévention et de répression de la corruption dans ces secteurs clés. La lutte contre la corruption reste un défi majeur pour le Cameroun, mais les progrès réalisés en 2022 sont encourageants. Il est essentiel de maintenir cet élan et de continuer à sensibiliser, dénoncer et punir les actes de corruption afin de garantir un avenir plus transparent et équitable pour tous les citoyens camerounais.
Rétrospective 3 ans avant (2020)
La Commission nationale anti-corruption (CONAC) avait publié, le 23 septembre 2021, son rapport sur l’état de la corruption au Cameroun en 2020. Le document dressait alors comme d’accoutumée, notamment, le palmarès des administrations les plus corrompues sur la période sous-revue. Dans le top 5, le ministère des Transports ou plus précisément le secteur des transports routiers détenait la palme d’or; il endossait 17% des dénonciations ayant un lien direct avec la corruption, sur un total de 2470. Viennent ensuite le ministère des Domaines et des affaires foncières (14,60%), les forces du maintien de l’ordre (13,60%), le ministère des Finances (12,60) et le ministère de la Justice à travers ses différents démembrements (11,30%). Ce rapport estime à un peu plus de 17,6 milliards FCFA le préjudice financier subi par le trésor public du fait de la corruption et des affaires connexes. Ces pertes sont loin en deçà de celles évaluées par l’Agence d’investigations financières (ANIF) pour les mêmes causes, à savoir 124 milliards FCFA en 2020 contre 413 milliards FCFA en 2019. Les dossiers y relatifs avaient été tous transmis à la justice.
Dans le domaine de la lutte contre la corruption, les années se suivent donc et se ressemblent. Les différentes institutions en charge de la répression non judiciaire de cette pratique, à savoir le Conseil de discipline budgétaire du Contrôle supérieur de l’Etat (CONSUPE), l’ANIF et la CONAC, qui font un travail remarquable sur le terrain le plus souvent assorti de propositions de sanctions contre les gestionnaires indélicats, les co-auteurs d’actes de corruption, leurs complices et bien d’autres acteurs de la petite corruption, apparaissent de plus en plus aux yeux de l’opinion comme des dindons d’une farce qui bénéficierait largement à des individus tapis dans les plus hautes sphères de décision et qui n’auraient pas intérêt à ce que la lutte contre ce fléau progresse. En effet, près de 10 ans après l’élaboration d’un projet de loi anti-corruption par le ministère de la Justice en collaboration avec la CONAC et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), il est étonnant que ce texte ne soit jamais passé au Parlement.