Dans les palais présidentiels, de nombreuses dispositions ont été prises afin d’assurer la sécurité personnelle du président, ainsi que celle de ses proches collaborateurs face à la flambée de la pandémie du Covid-19.
Les chefs d’État africains veillent scrupuleusement à se protéger du virus, tout comme ils veillent à la sécurité de leur peuple respectif. Les mesures en vigueur dans les plans de riposte contre la pandémie sont scrupuleusement observées dans le périmètre immédiat des chefs d’Etat. Au quotidien, seuls quelques rares privilégiés peuvent encore s’entretenir avec eux pour leur donner les nouvelles fraîches de la ligne de front contre le COVID-19. Comment accède-t-on désormais à Paul Biya, Alassane Ouattara, Ali Bongo Ondimba, Denis Sassou Nguesso, Alpha Condé, Mahamadou Issoufou, Paul Kagame, ou encore Macky Sall ?
Au Cameroun
Le plan de riposte construit autour de 13 mesures mis en place par le président Paul Biya l’a contraint à modifier considérablement son agenda. L’ambassadeur des Etats-Unis, Peter Henry Barlerin, étant la dernière personnalité reçu en audience au palais de l’Unité, le 11 mars 2020. Depuis lors le président camerounais pilote le plan de riposte contre le COVID-19 mis en place par ses soins. Avec tact et méthode, il instruit et en fonction de l’évolution de la situation, donne de nouvelles orientations stratégiques. C’est ainsi que le 31 mars, il a créé un Fonds spécial de solidarité nationale pour financer les opérations du plan de riposte avec une dotation initiale de 1 milliard de F. Il anime au quotidien la bataille avec ses hommes sur la ligne de front, dont le Premier Dion Ngute, chef du gouvernement. Prenant une longueur d’avance, le commandant en chef des opérations contre le COVID-19, a ordonné l’aménagement de nouveaux centres d’isolement pour les patients positifs au COVID-19.
Au Gabon
Face à la propagation de l’épidémie de Covid-19, un dispositif sanitaire spécifique a été déployé au sein du Palais du bord de mer. Depuis l’aggravation de la pandémie de coronavirus, les visiteurs du Palais du bord de mer sont contrôlés, dès leur entrée, selon la technique du thermoflash, pour la prise de température à l’aide d’un pistolet.
Le 3 avril le président Ali Bongo Ondimba, dans un message à ses compatriotes, a décliné un ambitieux plan de riposte contre le COVID-19. « Ces mesures nous permettront de satisfaire vos besoins prioritaires : la santé, l’emploi, l’eau, l’électricité, le logement, les transports. Je suis conscient que cet effort massif de l’ordre de 250 milliards de Francs CFA, représente un montant considérable pour notre pays mais comme je vous l’ai déjà dit, je demeure et je demeurerai toujours à vos côtés, car je ne voudrais pas que vous soyez en proie au doute et au questionnement face à l’épreuve que nous traversons », a-t-il annoncé aux Gabonais.
Au Bénin
La majorité des Béninois n’a « pas les moyens » de supporter un confinement général de longue durée. C’est la conviction du président Patrice Talon, qui s’est expliqué le 29 mars à la télévision pour justifier son choix de ne pas recourir à cette mesure face au coronavirus. Le président béninois considère que ses compatriotes ne sont pas égaux face au confinement.
« Contrairement aux citoyens des pays développés d’Amérique, d’Europe et d’Asie, la grande majorité des Béninois ont un revenu non salarial. Combien de personnes au Bénin ont un salaire mensuel et qui peuvent attendre deux, trois ou quatre semaines même sans travailler et vivre des revenus du mois ? […] Comment peut-on, dans un tel contexte où la plupart de nos concitoyens donnent la popote avec les revenus de la veille, décréter sans préavis, un confinement général de longue durée ? », s’est-il interrogé, non sans reconnaître toutefois que « la situation est vraiment grave et le risque grand ». Patrice Talon mise sur l’application stricte des gestes barrières vulgarisés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Au Sénégal
Le président Macky Sall, a décrété le 24 mars, avec effet immédiat, l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu, de 20 heures (GMT) à 6 heures du matin sur tout le territoire national. A l’issue d’une réunion d’urgence pour une riposte appropriée face à la propagation du coronavirus, il a annoncé à ses compatriotes : « à compter de ce soir à minuit, je déclare l’état d’urgence sur l’étendue du territoire national (…) J’ordonne les forces de défense et de sécurité de se tenir prêtes en vue de l’exécution immédiate et stricte des mesures édictées sur l’étendue du territoire national ».
Le président sénégalais a annoncé la création d’un fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19, alimenté par l’Etat et les bonnes volontés. « Force Covid-19 qui sera doté de 1000 milliards de francs cfa », a-t-il noté faisant savoir que ledit fonds est destiné à soutenir les entreprises, les ménages et la diaspora. « Une enveloppe de 50 milliards sera consacrée à l’achat de vivres pour l’aide alimentaire d’urgence », a ajouté Macky Sall.
Les résultats du plan de riposte mis en place au Sénégal sont prometteurs. Le pays compte 79 cas dont 8 guéris pour aucun décès enregistré.
Au Congo
Le 28 mars, le président Denis Sassou Nguesso a édicté un ensemble de mesures en vue de freiner la propagation du COVID-19 en République du Congo. Des mesures qui vont de l’état d’urgence sanitaire à l’instauration d’un couvre-feu, en passant par un confinement à domicile de l’ensemble de la population du 31 mars au 30 avril 2020. Ces mesures interviennent après la fermeture des lieux de culte, écoles, bars, restaurants et des frontières.
« On ne va pas au combat, on ne mène pas le combat, on ne gagne pas le combat, sans règles strictes à observer, sans détermination inébranlable et sans discipline de fer », a laissé entendre le président Sassou Nguesso.
Au Rwanda
Télétravail vivement encouragé, déplacements réduits au maximum, des lave-mains installés dans les rues, le recours aux drones pour asperger les rues de liquide désinfectant. Le Rwanda de Paul Kagame s’impose comme le pays le mieux équipé pour faire face à la pandémie en Afrique.
Face à cette crise sanitaire de coronavirus le Rwanda, pays de milles collines est l’un des premiers pays à avoir fermé son espace aérien en l’occurrence l’aéroport international de Kigali qui reste clos pour 30 jours. Les voyages aériens étant considérés comme principal facteur qui a beaucoup contribué à la dissémination du virus COVID-19 à travers le monde.
Au Niger
Le président Mahamadou Issoufou explique que les dépenses engendrées par la lutte contre le Covid-19 dans son pays, conjuguées aux efforts financiers pour lutter contre le terrorisme, représentent une charge financière considérable.
Il rejette toutefois la thèse avancée dans une note du Quai d’Orsay évoquant un possible effondrement des pays du Sahel, à la suite de la pandémie de Covid-19 sur le continent. Il demande, au contraire, un effort accru de solidarité pour que le monde post-coronavirus ne soit plus celui d’avant.
Dans un entretien exclusif accordé à France 24, le président du Niger affirme que le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a effectivement raison lorsqu’il affirme que le coronavirus pourrait faire des millions de morts en Afrique. Aussi, le Mahamadou Issoufou appelle à un « plan Marshall » de la part de la communauté internationale, afin d’aider les pays du continent à faire face à cette crise sanitaire inédite.
Désormais pris entre deux feux, le président du Niger déclare ne pas craindre un retrait militaire français en raison de la pandémie, après la confirmation de quatre cas de coronavirus au sein du contingent français de Barkhane. Il se dit convaincu de l’engagement de Paris dans la lutte contre le jihadisme.
En Côte d’Ivoire
Avec son plan de soutien, le gouvernement ivoirien s’engage notamment à prendre en charge des factures d’électricité et d’eau, via le financement d’un « fonds de solidarité » de 170 milliards de FCFA. « Cela concerne plus d’un million de ménages, soit environ six millions de nos concitoyens », sur une population totale de 26 millions d’habitants, a précisé le Premier ministre, qui a rappelé : « c’est en étant disciplinés, vigilants et solidaires qu’ensemble nous arriverons à bout de cette pandémie ».
Face à la progression de la pandémie dans le pays, le président Alassane Ouattara a décidé de renforcer les dispositions déjà en vigueur. « Je déclare l’état d’urgence sur toute l’étendue du territoire national », a-t-il déclaré dans un message radiotélévisé. Dans le cadre de l’état d’urgence, Alassane Ouattara a annoncé une série de mesures dont « l’instauration d’un couvre-feu de 21 h à 5 h du matin à compter du mardi 24 mars, la fermeture de tous les maquis et restaurants à compter de ce lundi 23 mars 2020 à minuit ».
Le chef de l’Etat ivoirien a également annoncé la « régulation » des transports interurbains, intercommunaux, intra-communaux et l’interdiction des déplacements non autorisés entre Abidjan et l’intérieur du pays et le « confinement progressif » des populations par aire géographique en fonction de l’évolution de la pandémie.
En Guinée
Vainqueur d’un double scrutin référendaire et législatif contesté, le président guinéen, Alpha Condé, 82 ans dont dix ans au pouvoir, a fait une brève apparition dans l’après midi du 3 avril, assis sur fauteuil surplombé de son propre portrait, recevant l’ambassadeur de Chine, le masque de protection bien vissé sur le visage.
Le protocole sanitaire aidant, Alpha Condé était à plusieurs mètres de son hôte, également munis d’un masque de protection. Avec 73 cas positifs au coronavirus, la Guinée, pays-bauxite, doit, à l’instar de la plupart des pays africains, adopter des mesures de prévention dans un contexte politique et social tendu. Si le président et son entourage immédiat ont été testés négatifs au covid-19, les 30 et 31 mars derniers, au moins douze membres de son personnel d’appui ont été déclarés positifs selon l’Agence nationale de Sécurité sanitaire de la Guinée. De même, le ministre guinéen des Travaux publics et la présidente du conseil économique et social ont été déclarés positifs.