La guerre que mènent les prétendants à la succession, contre le ministre, directeur du cabinet civil de la présidence, Samuel Mvondo Ayolo depuis de longs mois, a gagné ces dernières semaines en violence et en intensité. Ce qui, selon des analystes, renseigne sur les enjeux liés au renouvellement attendu de l’appareil gouvernemental. Des enjeux qui seraient surtout liés à la succession au sommet de l’Etat. Le récit explicatif que l’on peut en faire, tout au moins en ce qui concerne les derniers développements fait apparaître trois manœuvres complémentaires.
La première consiste à présenter Samuel Mvondo Ayolo sous les traits à la fois d’un deus ex machina, sorte de mauvais génie, qui, tirant profit de la proximité familiale et républicaine, et de l’héritage financier légué par son défunt père, négociant de cacao prospère bien connu, ami et frère du président Paul Biya, pour planifier, peut-être même, abusant de la confiance du chef de l’Etat, la succession à sa taille et à son profil.
La deuxième s’articule autour de l’instrumentalisation, elle aussi, suscitée par les contempteurs de Samuel Mvondo Ayolo, des appétits financiers du jeune Benoît Assam Mvondo, petit fils du frère aîné du chef de l’Etat, de regrettée mémoire. Lequel, pour assouvir sa soif d’argent facile, n’a pas trouver moins que de soumettre le directeur du cabinet civil de la présidence (DCC) à un chantage aussi odieux que répugnant. Avec du recul, il est aisé de comprendre que si le jeune Benoît était un élève, il n’éprouverait aucune difficulté à être soutenu au sein de la famille. La fin de non-recevoir opposée par le DCC est, de ce point de vue, à la fois didactique et républicaine. Didactique, en ce qu’elle rappelle les principes de l’ordre familial et le culte du mérite et donc de l’effort. Républicaine, parce qu’elle défie, en s’y opposant fermement, le chantage du « tout m’est dû » si habituel dans le comportement prétentieux de certains éléments, heureusement minoritaires, des familles de pouvoir. L’objectif des commanditaires de cette manœuvre, popularisée par un enregistrement, objet d’action pénale au même titre que le délit de chantage, qui était de présenter le DCC sous les traits d’un ingrat, égoïste, sans considération pour la famille présidentielle, s’est finalement retournée contre eux-mêmes !
La troisième manœuvre se construire autour de l’humiliation subie à Messok, chef-lieu du Canton Messok, par le nouveau préfet du Dja-et-Lobo à l’occasion de sa visite de prise de contact, il y a juste quelques jours. Humiliation, du fait de l’absence totale des populations du lieu des cérémonies. Comment expliquer une telle manifestation de défiance dans le village du mythique et charismatique chef André Mfoula Aleme et du DCC ? En effet le département compte quatre cantons : Tekmo, Ndou-Libi, Yemvam-Yassaman, et Messok. Le chef du canton Messok est décrié, désavoué par ses pairs, dénoncé par des populations lasses de ses ubuesques rodomontades contre son illustre neveu Samuel Mvondo Ayolo. Au final, il a été incapable de mobiliser les foules.
Ces manœuvres ne sont que les derniers développements de la guerre totale que les prétendants coalisés pour le pouvoir mènent contre le DCC. Finalité de ladite guerre ? Au meilleur des cas l’exclure de l’entourage du président Paul Biya. Au pire, provoquer sa d’échéance totale. Selon les calculs à courte vue, la voie leur serait alors ouverte vers le pouvoir. Cette obsession subliminale pour le pouvoir suprême tient à la fois de l’orgueil que de la recherche d’une assurance de liberté et donc de vie, par rapport aux perspectives des poursuites pénales qui pourraient être lancées contre eux pour leurs pillages systématiques des ressources publiques : projets structurants, infrastructures routières et sportives, le plan de riposte national contre la pandémie de COVID-19, etc.