Le représentant spécial du secrétaire général pour l’Afrique centrale a présenté, le 6 décembre 2019, les dernières avancées dans la résolution de la crise sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.
Née des revendications corporatistes des Avocats et des Enseignants, qui réclamaient la traduction en langue anglaise des actes uniformes OHADA et la préservation de la spécificité du système judiciaire et du système éducatif anglo-saxon, la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun met en péril la sécurité et le bien-être des populations qui y vivent, mais a également de profondes conséquences sur l’ensemble de la communauté nationale. Malgré les efforts du gouvernement, des mouvements radicaux, principalement inspirés de l’étranger, ont récupéré et dévoyé les revendications corporatistes. Ils ont ainsi ourdi un projet sécessionniste avec pour but, la partition du Cameroun. À cette fin, ils ont constitué et financé des groupes armés qui ont causé un lourd préjudice aux populations des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Le monde entier a été témoin des atrocités commises par ces groupes armés : mutilations, décapitations, assassinats des éléments des Forces de défense et de sécurité, des autorités administratives et des civils sans défense, destructions des infrastructures et édifices publics, incendie des écoles, des hôpitaux… Jamais le Cameroun n’a été inscrit à l’agenda du Conseil de sécurité de l’ONU. Le 9 décembre dernier, à New York pour donner un exposé au Conseil de sécurité, François Lounceny Fall a fait un point sur le train de mesures mises en route par le président Paul Biya pour résoudre définitivement cette crise sociopolitique.
Les solutions de Paul Biya
Pour satisfaire les revendications corporatistes du départ, le président Paul Biya a instruit des mesures qui sont allées au-delà des attentes :
- la traduction en langue anglaise des textes OHADA a été effectuée. Ces textes sont désormais disponibles dans nos deux langues officielles;
- une Section de la Common Law a été créée à la Cour Suprême, afin de connaitre des pourvois formés contre les décisions des juridictions inférieures, dans les affaires relevant de la Common Law;
- au plan de la formation des Magistrats, une Section de la Common Law a été créée à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature. Cette mesure a été accompagnée d’un programme de recrutement des Auditeurs de justice et des greffiers d’expression anglaise;
- par ailleurs, un recrutement spécial d’Enseignants bilingues a été mis en œuvre dans l’Enseignement secondaire;
- au plan judiciaire, un arrêt des poursuites a été ordonné en faveur de certaines personnes interpellées dans le cadre de ces revendications;
- Une Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme a été créée, afin notamment d’examiner en profondeur l’ensemble des sources de frustrations de nos compatriotes des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Le 10 septembre 2019, le président Paul Biya a convoqué le grand dialogue national inclusif du 30 septembre au 4 octobre à l’effet de trouver de solutions définitives à la crise. Au soir de cette grand-messe, il a décidé de l’arrêt des poursuites contre certains responsables et militants de partis politiques arrêtés pour des faits commis dans le cadre de la contestation des résultats de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018. À la faveur de cette décision 102 opposants, dont Maurice Kamto leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) ont retrouvé leur liberté.
« Nous attendons avec beaucoup d’intérêt la mise en œuvre du statut spécial qui doit être accordé aux deux régions. Nous pensons que cette décision pourrait contribuer utilement à donner plus d’assurance à cette partie anglophone», a lancé François Lounceny Fall. Cette préoccupation et bien d’autres font l’objet d’une session extraordinaire du Parlement convoquée depuis le 13 décembre, convoquée par le président Paul Biya, pour examiner le projet de loi portant code général des collectivités territoriales décentralisées.
Pour mémoire, François Louncény Fall, en visite au Cameroun le 21 janvier a rencontré le Premier ministre camerounais Joseph Dion Ngute, et le ministre, Directeur du cabinet civil de la présidence de la République, Samuel Mvondo Ayolo. Leurs discussions avaient porté essentiellement sur les priorités du gouvernement : la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la lutte contre les menaces transfrontalières y compris celles posées par le groupe terroriste Boko Haram.
Plus loin en date du 7 août 2018, le représentant spécial du secrétaire général pour l’Afrique centrale était reçu en audience à Yaoundé par le président de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme.