Les travaux du sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement d’Afrique centrale sur la situation économique, financière et monétaire se sont déroulés dans une atmosphère de sérénité, de compréhension réciproque et d’entente cordiale.
Le 22 novembre 2019, pendant un conclave de 3 heures et 30 minutes au palais de l’Unité de Yaoundé, les dirigeants de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) ont exprimé leur satisfaction au regard des bonnes performances économiques et financières qu’affiche l’organisation. Autour de Paul Biya du Cameroun, Faustin Archange Touadéra de la Centrafrique, Denis Sassou Nguesso du Congo, Obiang Nguema Mbasogo de Guinée Équatoriale, Idriss Deby Itno du Tchad, Julien Nkoghe Bekale Premier ministre, représentant Ali Bongo Ondimba du Gabon, Dr Adesina Akinwumi président de la Banque africaine de développement (BAD), Pr Daniel Ona Ondo président de la Commission de la CEMAC, Abbas Mahamat Tolli gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale ( BEAC), ont examiné les résultats obtenus à la suite de la mise en œuvre de la stratégie commune, de sortie du double choc pétrolier et sécuritaire sur les économies de la sous-région, adoptée à Yaoundé le 23 décembre 2016. Dans un contexte mondial marqué par des tensions géopolitiques, des incertitudes et une conjoncture économique encore difficile, l’analyse des perspectives économiques, financière et monétaire de la communauté a donné lieu à 16 recommandations fortes.
Situation économique et financière
Face aux pressions fortes subies par les économies des pays de la sous-région, les chefs d’État et de gouvernement ont :
- Salué le redressement global de la situation macro économique de la zone CEMAC marquée par le retour à une croissance économique positive, la maîtrise de l’inflation, une forte réduction des déficits budgétaires et courants.
- Salué les contributions financières et techniques du FMI, de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement, de l’Union européenne, de la France ayant participé significativement à la réussite du programme de redressement économique de la CEMAC.
- Renouvelé leur engagement à poursuivre de manière ordonnée la consolidation budgétaire dans chaque État pour un retour maîtrisé à une gestion saine des finances publiques.
- Renouvelé leur engagement, ainsi que leur détermination à améliorer le climat des affaires en zone CEMAC par des réformes structurelles d’envergure, afin de promouvoir l’investissement privé, diversifier leurs économies pour les rendre plus fortes, résilientes et davantage compétitives.
Monnaie et avenir du F CFA
Le spectre de la dévaluation, qui a longtemps pesé sur les pays de la communauté, s’est éloigné grâce aux efforts entrepris par les États . Les dirigeants ont :
- Relevé avec satisfaction la reconstitution des réserves de change communautaires permettant ainsi de préserver le régime de change à parité fixe de la monnaie commune et d’éviter un ajustement monétaire.
- Examinant spécifiquement la question monétaire, les chefs d’État et de gouvernement ont réaffirmé leur volonté de disposer d’une monnaie commune stable et forte. Concernant particulièrement la coopération monétaire avec la France, portant sur le F CFA, ils ont décidé d’engager une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre d’une nouvelle coopération. À cet effet, ils ont chargé la Commission de la CEMAC et la BEAC de proposer, dans des délais raisonnables, un schéma approprié, conduisant à l’évolution de la monnaie commune.
Évaluation des réformes en cours
Dans le but d’améliorer la performance des organes et institutions de la communauté et de relever substantiellement le niveau économique des pays de la sous-région, les chefs d’État et de gouvernement ont :
- Décidé de poursuivre les réformes institutionnelles et la mise en œuvre des mesures appropriées au sein de la BEAC. Elle devrait concourir durablement à des politiques monétaires efficaces, une application judicieuse, concertée, rigoureuse et améliorée de la réglementation de change communautaire, à la préservation de la stabilité financière et à la consolidation du système bancaire de la zone CEMAC.
- Souligné la nécessité d’assurer, avec l’appui technique et financier des partenaires au développement, un traitement approprié des arriérés de paiement et d’accorder une attention particulière à l’impact des dépenses sécuritaires sur les finances publiques des États.
- Relevé la nécessité de préserver la soutenabilité et la viabilité de l’endettement public en privilégiant les financements concessionnels et en favorisant les partenariats public-privé pour la réalisation des projets d’infrastructures.
Libre circulation
La CEMAC représente un marché de plus de 50 millions d’habitants, où se pratiquent le français, l’anglais, l’espagnol et l’arabe. L’intégration, principale stratégie communautaire, passe par la libre circulation. Pour l’accélérer, les chefs d’État et de gouvernement ont :
- Félicité la Banque africaine de développement pour la réussite remarquable de la 7e augmentation de son capital à 125% et exprimé leur soutien au plan d’actions stratégiques de cette institution financière multilatérale au profit de développement des pays africains.
- Renouvelé leur engagement solidaire visant à faire de la CEMAC un espace économique émergent à travers l’accélération de la réalisation des infrastructures d’intégration nécessaires à la promotion d’un développement économique et social inclusif.
- Convenu d’accélérer l’approfondissement de l’intégration pour développer les échanges commerciaux intracommunautaires et préparer la CEMAC à tirer le meilleur profit de la zone de libre échange continentale africaine.
- Décidé de renforcer les concertations et les actions communes face aux nombreux défis sécuritaires liés aussi bien au terrorisme international qu’aux diverses velléités déstabilisatrices de l’ordre établi au sein de la communauté.
Perspectives
Les chefs d’État et de gouvernement nourrissent une grande vision pour la CEMAC. Ils ont :
- Réitéré leur soutien total à la poursuite résolue de la mise en œuvre des mesures pertinentes arrêtées en faveur d’une politique budgétaire soutenable, une politique monétaire appropriée et une coopération internationale renforcée, propice à une relance économique rapide.
- Renouvelé leur engagement pour une approche solidaire, cohérente et concertée dans l’élaboration, en accord avec les partenaires techniques et financiers, de nouveaux cadres de coopération à la fin des programmes économiques et financiers de première génération soutenus par une facilité élargie de crédit du FMI.
- Sollicité auprès de tous les partenaires au développement, une mobilisation accrue des ressources financières en vue de parvenir à l’objectif de transformation structurelle des économies vers une industrialisation plus large.
« Nous avons par le passé, réussi à juguler des crises de divers ordres dans une démarche commune, cohérente et concertée. Poursuivons sur cette voie et ensemble, œuvrons solidairement à la concrétisation de cet idéal communautaire », a exhorté Paul Biya, président en exercice de la CEMAC, dans son discours de clôture. Ses pairs de la sous-région lui ont exprimé leur profonde et fraternelle gratitude pour l’heureuse initiative de convoquer le sommet et de son organisation réussie.