Titulaire d’une maîtrise en droit décrochée à l’Université de Paris II Assas Panthéon-Sorbonne, Célestine Djamen a milité au Social democratic front (SDF) depuis la France. Il débarque au Cameroun pour challenger John Fru Ndi au poste de chairman du SDF, en 2006. Sans succès. Il y demeure jusqu’en août 2018. A la veille de la présidentielle du 7 octobre 2018, il prend la carte du mouvement pour la reconnaissance du Cameroun (MRC), et rejoint l’équipe de campagne du candidat Maurice Kamto, en qualité de secrétaire national aux droits de l’homme.
« J’ai décidé de quitter le MRC. Je ne me sentais plus utile au MRC. Comme au SDF, au MRC, on m’entend mais on ne m’écoute pas », a confié à la presse, l’homme qui a été jusque-là de toutes les batailles avec Maurice Kamto. Sur les motifs de la rupture, il déclare : « la décision du MRC de ne pas aller aux élections était unilatérale, alors que plusieurs militants étaient investis jusqu’à la dernière minute ». L’homme entend désormais se ranger derrière la République, en créant un parti politique. « Le parti que je compte mettre en place dans les prochains jours sera un parti républicain où on prône la démocratie et où les institutions sont respectées », a-t-il laissé entendre.
Joseph Emmanuel Ateba, secrétaire national à la communication du MRC, a subtilement réagi à cette démission, en reprécisant l’idéologie qui sous-tend les actions de son parti. « Dans l’entendement du camerounais et conséquemment à l’environnement que lui a imposé le régime RDPC, beaucoup n’arrive pas à comprendre qu’un parti refuse d’entrer dans « la mangeoire » d’où ce reproche fait au MRC qui avait de fortes chances d’avoir des élus lors des élections législatives et municipales de février 2020 d’avoir refusé de participer à ces élections. Le MRC n’a pas été créé pour offrir quelques postes à ses militants mais pour changer le mode de fonctionnement institutionnel du Cameroun afin de permettre à chaque camerounaise et à chaque camerounais la chance d’avoir une part de gâteau », rappelle-t-il. Le départ de Célestin Djamen a suscité des réactions au-delà du MRC.
Le professeur Pierre Alaka Alaka venu encourager Célestin Djamen pense qu’« il est un homme politique qui a pour objectif de servir la République, et qui se serait rendu compte que le MRC ne sert pas la République ». Laurent Dubois Njikam, juriste camerounais, pense que Célestin Djamen ne sera pas dans le prochain gouvernement du président Paul Biya, et ne constituerait pas une menace pour Jean de Dieu Momo. « Que gagne le président Paul Biya à faire de Célestin Djamen un membre de son gouvernement ? Et si c’était dans le but de fragiliser le MRC, cela s’avérerait toujours improductif car Célestin Djamen n’était pas un cador du MRC et son départ en dehors de sa seule personne n’entraîne aucune autre personne. Il va seul comme il était venu. In fine quel serait le gain politique de nommer M. Djamen ? Le ministre Jean de Dieu Momo peut donc dormir tranquille », analyse le juriste.