Au moins huit enfants ont été tués et douze autres ont été blessés, samedi 24 octobre, dans l’attaque de l’école de Kumba, dans la région anglophone du Sud-Ouest au Cameroun, a rapporté l’Organisation des Nations unies (ONU).
Les assaillants étaient munis de machettes, selon les éléments diffusés dans un communiqué du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) dans le pays. Un responsable local avait annoncé auparavant que quatre enfants avaient été tués et plusieurs autres grièvement blessés lors de cette attaque.
« L’attaque contre des écoliers est la pire atrocité depuis la reprise de l’année scolaire, le 5 octobre 2020, dans laquelle plus d’étudiants se sont inscrits dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest que ces dernières années », a insisté l’OCHA.
« Le boycott des écoles était une stratégie des séparatistes ces dernières années. Sept cent mille jeunes environ étaient en dehors du système scolaire à cause du conflit, a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) Arrey Elvis Ntui, analyste senior du groupe International Crisis au Cameroun. Le gouvernement et la société civile anglophone ont mis beaucoup de pression sur les groupes séparatistes pour que leurs enfants retournent à l’école, et des écoles qui étaient fermées depuis des années ont commencé à rouvrir. »
Tous les acteurs politiques et société civile condamnent !
Un crime « horrible » vivement condamné par la classe politique camerounaise et l’Union africaine.
Des hommes armés « un groupe de neuf assaillants terroristes » selon une source proche de la police ont fait irruption dans le collège Mother Francisca International Bilingual Academy, à Kumba dans la région du Sud-Ouest. Habillés en civil, ils sont arrivés à moto selon un parent d’élève qui se trouvait près de l’école. Ils ont ouvert le feu sur les élèves âgés de 9 à 12 ans présents dans la salle de classe : « J’entendais des gens crier et pleurer » a dit un témoin qui se trouvait dans la salle de classe voisine. Certains enfants se sont blessés en sautant par les fenêtres du deuxième étage. « Au moins huit enfants ont été tués par des coups de feu et des attaques à la machette. Douze autres ont été blessés et emmenés dans des hôpitaux locaux » selon d’autres témoins.
Maurice Kamto, a parlé d’« horreur absolue ». « Combien de morts faut-il encore pour qu’une solution politique ramène la paix dans le NOSO (Nord-Ouest et Sud-Ouest, les deux régions anglophones)? », a-t-il réagi, tandis que le Premier ministre camerounais organisait une réunion d’urgence après l’attaque. Cabral Libii quant à lui, président du PCRN et député, donne un point de presse ce lundi à 14h, au siège de son parti à Yaoundé.
Depuis près de quatre ans, des groupes séparatistes et l’armée s’affrontent dans les deux régions camerounaises du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où vit l’essentiel de la minorité anglophone, dont une partie s’estime marginalisée.
« Il n’y a pas de mots pour le chagrin ni de condamnation assez forte pour exprimer toute mon horreur face à l’attaque brutale qui a visé des écoliers en école primaire (…) alors qu’ils étaient assis, en train d’apprendre, dans leur salle de classe », a tweeté Moussa Faki Mahamat, président de l’Union africaine.
« Je condamne sans réserve, les actes de barbarie commis ce jour à Kumba. Assassiner des enfants qui vont apprendre c’est s’attaquer aux fondements même de notre Nation » a pour sa part réagi le ministre de la santé publique du Cameroun, Malachie Manaouda.
Les écoles avaient déjà été une cible dans le passé récent, mais n’avaient jamais connu un massacre d’une telle ampleur. Mi-mai, un enseignant de l’université de Bamenda (Nord-Ouest) avait notamment été abattu par des séparatistes car il refusait d’arrêter de faire cours, selon l’ONG Human Rights Watch (HRW). L’attaque de Kumba n’a pas encore été revendiquée et les assaillants n’ont pas encore été identifiés officiellement par les autorités.
« Ces gens (les agresseurs) seront rattrapés par tous les moyens. Je dis bien par tous les moyens », a néanmoins prévenu Chamberlin Ntou’ou Ndong, préfet du département de la Mémé, touché par l’attaque. Il a également insisté sur le fait que l’école était « non déclarée » et qu’il allait donner des instructions pour que « toutes les écoles du département de la Mémé soient déclarées » pour des raisons de sécurité.
Un bilan lourd depuis 2016 dans les 3 régions
Les combats dans les deux régions, mais aussi les exactions et meurtres de civils par les deux camps, selon de nombreuses ONG, ont fait plus de 3 000 morts et forcé plus de 700 000 personnes à fuir leur domicile.
Existence d’un comité de désarmement et de démobilisation
Le Président de la République S.E Paul Biya a mis en place ce comité, afin de tendre la main aux séparatistes et de tous ceux qui portent des armes dans les deux régions en crise, pour une réinsertion sociale réussie, et ainsi parvenir à la paix.
La création du comité national de désarmement, de démobilisation, et de réintégration (CNDDR) vient conforter la promesse du chef de l’état. Il avait lors de son discours d’investiture du 6 novembre 2018, promis de trouver des solutions de retour à la paix dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest. « Persuadé qu’il existe une issue honorable dans l’intérêt de tous, je ferais en sorte que le calme et la sérénité reviennent dans les deux régions concernés dans le respect des institution dont je suis le garant», avait-il déclaré.
Ce comité est placé sous l’autorité du Premier ministre chef du gouvernement et son siège fixe sera à Yaoundé. Sa mission sera d’accueillir et de désarmer les ex-combattants du Boko Haram et des groupes armés des Régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest ; de collecter, de répertorier et de stocker les armes, de prendre toutes les dispositions appropriées pour la destruction desdites armes, munitions et explosifs, en liaison avec les administrations compétentes. En matière de démobilisation et de réintégration, les membres du comité devront mettre en place des sites de cantonnement des ex-combattants et d’en assurer la gestion, ils devront également aider à la réinsertion dans la vie civile des ex-combattants, notamment par l’organisation, la formation, la mise à disposition d’outils ou moyens de production et l’assistance à la création d’activités génératrices de revenus.
Ce décret du Chef de l’Etat intervient dans un contexte un peu plus tendu dans les régions dites anglophones, notamment avec la multiplication des assassinats des religieux, des enlèvements, et des destructions des biens publics. Plusieurs propositions de solutions ont été faites dans le cadre de la gestion de cette crise. La tenue du Grand Dialogue National pour des pourparlers inclusis, la libération inconditionnelle des personnes arrêtées dans le cadre de cette crise, tels que proposés par les hommes politiques et les acteurs de la société civile sont là quelques ébauches de solutions. A côté de ces pistes de solutions, Le Chef de l’Etat a pour l’instant opté pour la création du CNDDR.