L’annonce de la démission de Martin Ambang, membre fondateur du Mrc et conseiller spécial de Maurice Kamto, a été faite jeudi soir et a encore mis du feu aux poudrières. Décidément rien ne va plus au sein de cette formation politique.
Rangé parmi les poids lourd du Mrc, Martin Ambang reproche à Maurice Kamto, second à l’élection présidentielle d’octobre 2018, d’avoir pris de manière unilatérale, la décision de boycotter le double scrutin du 9 février 2020. Selon le démissionnaire, Maurice Kamto a pris la décision de boycott avec deux autres cadres du parti alors que la majorité du directoire travaillait pour la participation du parti au double scrutin législatif et municipal. L’ancien transfuge du SDF, dénonce également de nombreuses irrégularités, notamment « l’hypocrisie, la marginalisation et la corruption dans la gestion quotidienne du Mrc.» Depuis l’annonce du boycott du double scrutin de février 2020, de nombreux cadres et militants du Mrc ne cachent pas leur déception. Le 14 décembre 2020, Célestin Djamen ancien secrétaire aux droits de l’homme et à la gouvernance du Mrc, annonçait sa démission.
Il reprochait clairement à Maurice Kamto, la décision unilatérale de boycott. Selon Célestin Djamen, Maurice Kamto avait pris tout seul la décision de boycotter le double scrutin de février 2020, alors que le Mrc avait des chances de l’emporter dans certaines circonscriptions.
« Tous les militants étaient partant pour les élections. Ils étaient gonflés à bloc, pour avoir travaillé pendant huit ans dans l’attente de ce grand moment. » Depuis le boycott du Mrc du double scrutin, plusieurs cadres du Mrc n’ont pas digéré que Maurice Kamto décide de ne pas participer aux élections législatives et municipales du 9 février 2020.
Parmi les frondeurs, l’avocate Michelle Ndoki qui souhaitait briguer la députation à Douala, sa ville d’origine. Sur les medias, la vice-présidente des femmes du Mrc a plusieurs fois critiqué la décision de Maurice Kamto, mais n’a pas encore démissionné. Paul Eric Kingué, maire de Ndjombe-Penja (Littoral), qui avait été le premier à claquer la porte de la coalition avec le MRC, critique ouvertement la gouvernance au sein du parti de Maurice Kamto, de plus en plus esseulé depuis l’arrestation de ses lieutenants Fogue et Bibou Nissack. Après la libération du vice-président Mamadou Mota le 5 février dernier, Maurice Kamto a appelé ses camardes à se ressaisir et à rester mobilisés.
LES FRONDEURS DEPUIS JUIN 2020
Ils ne sont pas encore en rupture, mais leurs voix se sont élevées pour exprimer leur dépit. La vice-présidente du directoire des femmes du Mouvement pour la renaissance (MRC), l’avocate Michelle Ndoki, souhaitait briguer la députation dans sa ville natale de Douala, mais elle a dû renoncer à son ambition. Elle n’a pas encore démissionné, mais elle a pris ses distances avec ses amis politiques. Elle s’est même rapprochée du pouvoir par l’entremise du ministre du Travail, Grégoire Owona, qui est aussi le numéro deux du parti présidentiel, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).
De quoi relancer les rumeurs prêtant à cette formation l’intention de nommer quelques cadres du MRC au gouvernement, afin de fragiliser la ligne radicale de Maurice Kamto. L’ancien Secrétaire national chargé des droits de l’homme, Célestin Djamen, lui, assurait pourtant qu’il n’avait pas l’intention de quitter le MRC et multipliait avant sa démission, les interviews pour dire à quel point il désapprouve la décision de Kamto de boycotter des élections. Amer, ce transfuge du Social democratic front (SDF) avait rejoint le MRC peu avant la présidentielle de 2018, pour se donner les chances d’obtenir un mandat électif à Douala.
En interne, les frondeurs sont soutenus par le troisième vice-président, l’avocat Emmanuel Sihm. En revanche, ils ont été éconduits par Paul Marie Biloa Effa, le conseiller spécial de Maurice Kamto, qu’ils avaient tenté de rallier à leur cause. Les libertés qu’ils ont prises agacent une partie du directoire du parti qui exige des sanctions, mais le leader du MRC préfère laisser faire. Il ne veut surtout pas d’exclusion, car cela grossirait les rangs de ses détracteurs. En effet, Maurice Kamto est devenu la cible préférée de Paul Eric Kingue, son directeur de campagne lors de la dernière présidentielle, qui fut le premier à claquer la porte. À la suite des manifestations post-électorales interdites de janvier 2019, il fut arrêté et emprisonné pendant neuf mois avec Kamto. Il s’en est éloigné après leur libération, avant de ressusciter son micro-parti avec lequel il s’est fait élire en février 2020 maire de la commune de Njombe-Penja, dans la région du Littoral.
Le rapport de forces n’est certes pas favorable aux mécontents, mais Kamto, qui se méfie des manœuvres du pouvoir, resserre ses liens avec sa garde rapprochée constituée notamment de l’économiste Christian Penda Ekoka, en l’absence de l’universitaire Alain Fogue actuellement en prison.