Le Porte-parole d’António Guterres, Secrétaire général de l’ONU mentionne dans la déclaration officielle: « Le Secrétaire général condamne fermement l’attaque du 6 novembre contre des civils à Egbekaw, dans le district de Mamfe, dans la région du Sud-Ouest du Cameroun, qui aurait fait plusieurs morts, dont des enfants. De nombreuses personnes ont été blessées et déplacées, et des biens ont été détruits. »
Par ailleurs, le Secrétaire général « souligne que les attaques à l’encontre des populations sont inacceptables ». Il présente « ses plus sincères condoléances aux familles affectées et demande au Gouvernement camerounais de mener une enquête » et de veiller à ce que les responsables répondent de leurs actes. Pour finir, il exhorte toutes les parties prenantes camerounaises à œuvrer en faveur d’une solution politique à la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.
Au cours de l’attaque d’Egbekaw, 25 personnes ont été tuées, dont 5 femmes et un enfant et 9 blessées, d’après un bilan officiel du Ministère de la Communication. Dans sa sortie, le ministre de la Communication attribue la tuerie à la milice séparatiste Manyu Unity Warriors, « un groupuscule sécessionniste terroriste affilié à la nébuleuse dite Ambazonian Defense Forces ».
Les affres de la crise
Depuis le début de la crise dans le Cameroun anglophone fin 2016, les civils et les bâtiments civils, notamment les écoles, sont fréquemment ciblés par des hommes armés. En novembre 2021, une attaque sanglante avait été perpétrée par des hommes armés non identifiés contre un lycée bilingue public dans la localité d’Ekondo Titi, dans le département de Ndian. L’attaque avait entraîné la mort de quatre élèves âgés de 12 à 17 ans ainsi que d’un enseignant. Plusieurs autres élèves et enseignants avaient été blessés. À l’époque, deux écoles sur trois dans les régions Nord-Ouest et Sud-Ouest avaient fermé leurs portes à cause de l’insécurité, privant 700.000 écoliers d’éducation.
Les engins explosifs improvisés sont également fréquemment utilisés par les groupes armés non étatiques. En novembre 2021, de tels engins ont blessé une dizaine d’étudiants dans l’amphithéâtre de l’université de Buea, dans la région Sud-Ouest. Le 24 octobre 2020, une attaque contre une école à Kumba dans le Sud-Ouest avait fait au moins huit morts et une douzaine de blessés. En juin de cette même année, des élèves et des examinateurs participant à l’examen du certificat général d’éducation ont été attaqués par des groupes armés non étatiques dans plusieurs localités. Selon l’ONU, les étudiants, les enseignants, les autorités scolaires et les installations scolaires sont fréquemment visés par des incendies criminels, des meurtres et des mutilations, et les enseignants et les étudiants sont fréquemment victimes d’enlèvements avec demande de rançons.
L’ONU aussi visée
Le Cameroun continue d’être confronté à une crise de protection et à des situations humanitaires complexes et multiples. En 2021, 4,4 millions de Camerounais avaient besoin d’aide humanitaire dans le pays en raison de l’insécurité, de la diminution des capacités d’adaptation et du manque de accès aux services de base, estimait alors le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), qui ajoutait que les violences dans les régions de l’Extrême-Nord et dans le Cameroun anglophone accroissaient le nombre de personnes déplacées.
La mission de l’ONU et des travailleurs humanitaires demeure dangereuse au Cameroun. Fin mars 2021, pour la première fois depuis le début de la crise anglophone, un convoi des Nations Unies était attaqué par un groupe armé non-étatique dans le village d’Ikata, dans la région du Sud-Ouest, à majorité anglophone. Le Coordinateur humanitaire au Cameroun avait condamné cette attaque, la première contre un convoi de l’ONU depuis le début de la crise touchant les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Les 8 et 11 février 2022, des hommes armés appartenant à « des groupes armés non étatiques » ont incendié deux écoles, respectivement l’école primaire publique de Molyko à Buea et le collège catholique « Queen of Rosary » à Mamfe, toutes deux situées dans la région anglophone du Sud-Ouest du Cameroun.