Membre éminent du Conseil Constitutionnel et ancien Ministre, le Professeur Owona a consacré sa vie à la défense de l’État de droit et à la promotion des valeurs démocratiques en Afrique. Son influence s’étend bien au-delà des frontières de son pays d’origine, faisant de lui un leader respecté sur la scène internationale.
Sa disparition laisse un vide immense dans le monde académique et politique africain. Ses étudiants, collègues et amis se souviendront toujours de sa passion pour l’enseignement, son engagement indéfectible envers la justice et son intégrité incontestable.
« Je viens juste de recevoir la triste nouvelle du décès du Professeur Joseph Owona, l’un des plus fins professeurs de droit constitutionnel sur le continent africain. Il était proche de la famille Muna, l’un des rares que mon père admettrait dans sa chambre quand il était lui-même très malade. En tant qu’intellectuel de premier ordre, il était simple et très abordable. Sa nomination à la cour constitutionnelle était perçue comme une initiative visant à accroître le quotient scientifique de la composition de cette haute juridiction. Alors qu’il entre dans l’éternité, nous prions pour le repos paisible de son âme. Mes sincères condoléances à toute sa famille », a souligné le bâtonnier Akere Muna, candidat à la dernière élection présidentielle camerounaise.
Tour à tour directeur de l’Institut des Relations Internationales, chancelier de l’Université de Yaoundé, il marquera des générations d’étudiants par la qualité de son enseignement. On lui doit plusieurs ouvrages de référence comme « Droit de la Fonction Publique » ou « Contentieux Administratif de la République du Cameroun ».
Mais Joseph Owona était bien plus qu’un simple universitaire. Son expertise en droit constitutionnel le placera au cœur des enjeux politiques de son pays. En 1985, il est nommé Secrétaire Général Adjoint à la Présidence de la République par Paul Biya, nouvellement élu. Durant près de 20 ans, il sera l’un de ses plus proches collaborateurs, occupant plusieurs postes ministériels stratégiques. Son influence est telle qu’il est considéré comme « le père de la Constitution de 1996 » qui consacre le régime hyperprésidentiel camerounais. Même dans l’opposition, sa crédibilité juridique force le respect.
Le décès du professeur Joseph Owona, figure éminente du monde académique et politique camerounais, laisse un vide considérable auprès de ses proches. Né le 25 janvier 1945 à Akom, au Cameroun, il a été un acteur majeur de l’enseignement et de la vie publique de son pays.
Sa carrière académique s’étend sur plus de quarante ans, durant lesquels il a enseigné dans plusieurs universités en Afrique et à travers le monde. Il a d’ailleurs été célébré par l’université au Cameroun en 2021 pour son parcours. Dès 1973, il a occupé le poste de chef du service enseignement et recherche à l’université de Yaoundé, suivi par le rôle de chef du département de droit public en 1976. Devenu directeur de l’Institut des relations internationales du Cameroun en 1976, il a également été chancelier de l’université de Yaoundé et est considéré comme le fondateur du constitutionnalisme au Cameroun.
En plus de ses contributions académiques, Joseph Owona a joué un rôle clé dans le paysage politique camerounais. Il a ensuite occupé plusieurs postes ministériels, notamment celui de ministre de l’Education nationale de 2000 à 2004.
Il a également porté la casquette de président du comité de normalisation de la FECAFOOT de 2013 à 2015. En 2020, il a été nommé membre du Conseil Constitutionnel, une position qui témoigne de son expertise juridique et de son importance dans la gouvernance du pays. Son parcours académique et politique illustre l’impact significatif qu’il a eu sur le développement du Cameroun, tant sur le plan de l’éducation que de la politique. Cependant, ce chemin n’est pas sans critique. Beaucoup de camerounais lui reprochant la célèbre phrase : « Tant que je vis, un Bamiléké ne sera jamais président au Cameroun ». Agé de 78 ans, Joseph Owona a été durant toute sa carrière un fervent défenseur et fidèle du régime de Paul Biya.