Après des années de tensions au sein du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), formation politique dirigée par Maurice Kamto, Michèle Ndoki en a définitivement été exclue pour son «refus manifeste de se conformer à la ligne politique et à la discipline». C’est dans une décision de 48 pages, datée du 6 juillet 2023 et signée de l’instance disciplinaire du parti, que cette sentence a été prononcée.
Michèle Ndoki, qui ambitionnait de challenger Maurice Kamto lors de la prochaine convention du parti, est donc stoppée net dans son élan. Tout serait parti d’une plainte du secrétaire général contre celle qui était encore vice-présidente du MRC. Un total de cinq griefs dont la véracité a été établie, lui ont couté sa carte de membre du parti.
Entre autres motifs, l’instance disciplinaire du MRC a évoqué des allégations mensongères à l’encontre du président national faites sur les réseaux sociaux le 7 juin 2023 ; lancement le 24 juillet 2021 par la vice-présidente du MRC du mouvement «Les Bâtisseurs»/«Enfants de ma terre» dans un ton qui ne laissait aucun doute sur la mise en place d’un projet politique distinct de celui porté par le MRC.
Après la frustration née du boycott des élections du 9 février 2020, les affres de la prison en 2019, après des mouvements de contestation par son parti de la victoire du président Paul Biya, à la dernière élection présidentielle, cette exclusion définitive du MRC est un nouveau chapitre des coups durs subits par cette avocate de métier. Toutefois, elle a affiché ses ambitions.
Au soir du 17 juillet sur les antennes de Canal 2 international, Michèle Ndoki a annoncé la création de sa formation politique : le Mouvement des bâtisseurs du Cameroun. La célèbre avocate a confirmé que «les Bâtisseurs» a effectivement existé bien avant qu’elle ne soit évincée. Aussi, a-t-on été suffisamment interrogatif lorsqu’elle a déclaré qu’elle n’a jamais dit que Maurice Kamto avait gagné l’élection présidentielle de 2018. C’est Maurice Kamto en personne qui l’avait dit et non pas elle.
Ce qui est en totale contradiction avec sa publication sur Facebook le 28 octobre 2018 : «Nous avons gagné cette élection. J’ai vu les preuves de cette victoire. Il s’agit d’une chance unique d’avoir une justice équitable et pour tous. Il s’agit d’une chance unique d’avoir une éducation obligatoire pour la jeune fille et gratuite. Il s’agit d’une chance d’avoir la césarienne gratuite. C’est pour cela que je me bats».
Visiblement, Michèle Ndoki ne s’est pas encore totalement remise de son exclue du MRC, formation dont elle briguait le directoire. Sa machine politique lancée, il convient désormais de scruter ses premiers pas et surtout son positionnement sur l’échiquier national. Elle a désormais intérêt à mettre ses voiles dans le sens du bon vent. Une femme avertie en vaut deux.