Pendant soixante-quinze minutes, Pierre Oba, ministre d’Etat, ministre congolais des Industries minières et de la Géologie, émissaire du président Sassou Nguesso et le président Paul Biya ont échangé sur les projets que le Cameroun et le Congo nourrissent depuis quelques années. Parmi ces projets, celui d’exploitation du minerai de fer de Mbalam côté camerounais, et de Nabeba côté congolais, par la société australienne Sundance Resources Limited. Cette société a créé une filiale de droit camerounais appelée Cam-Iron, tandis que son équivalent au Congo était Congo-Iron. Pour les présidents Paul Biya et Sassou Nguesso, il est primordial de recréer l’harmonie autour dudit projet afin d’impulser une dynamique nouvelle à l’activité économique entre les deux pays, et renforcer l’intégration sous régionale.
Le projet de Mbalam-Nabeba inclut le développement des mines à ciel ouvert au Cameroun et au Congo, la construction d’une ligne de chemin de fer de 510 kilomètres pour le transport du minerai de fer à travers le Cameroun, la construction d’une ligne secondaire de 70 km reliant la mine Nabeba au Congo à la mine au Cameroun, et la construction d’un terminal spécifiquement pour le minerai de fer à Lolabe au Cameroun. Les ressources minérales définies comprennent 775,4 millions de tonnes de ressources d’hématite de haute qualité avec une teneur en Fe de 57,2%, et également des ressources supplémentaires en itabirite représentant actuellement 4,05 milliards de tonnes avec une teneur en Fe de 36,3%.
« Depuis dix ans, les présidents Paul Biya et Sassou Nguesso ont commencé le projet de Mbalam-Nabeba pour développer le minerais de fer entre le Cameroun et le Congo », a confié le ministre d’Etat, ministre congolais des Industries minières et de la Géologie. L’émissaire du président Denis Sassou Nguesso a expliqué que la société australienne s’est servie de la « souplesse » du code minier congolais pour « organiser une vaste mafia, une spéculation » autour du projet d’exploitation de fer de Mabalam-Nabeba. « Comme vous le savez, quand ils ont des titres, ils les cotent en bourse, mais au lieu de le faire dans l’intérêt réciproque de notre partenariat, ils le font beaucoup plus à leur avantage. Ils sont devenus des magnats, des richissimes mais nous, nous continuons à piétiner », a-t-il relevé, non sans dénoncer le fait que ces partenaires « marchent sur nos lois, ne respectent pas nos Etats, confondent les conventions que nous signons avec eux à nos lois et pensent même qu’elles sont au-dessus de nos Constitutions ». Projetée depuis une décennie, l’exploitation du fer prend des allures d’un serpent de mer. Jamais réalisée à ce jour, l’audience du 31 mai a permis d’en tirer toutes les conséquences.
« Nous avons décidé au Congo, de rompre avec les Australiens. Et comme c’était un projet d’exploitation conjointe entre nos deux Etats, il faut donc recréer l’harmonie avec nos frères camerounais pour que la procédure puisse se poursuivre afin de tirer profit de cette ressource. Le président Denis Sassou Nguesso m’a donc envoyé expliquer cette situation au président Paul Biya, qui m’a prêté une oreille très attentive et m’a donné beaucoup d’orientations, beaucoup d’instructions, pour faire aboutir ce projet dans l’intérêt commun de nos pays et de nos deux peuples », a résumé Pierre Oba, passé par la lumière du dispositif spécial contre la propagation du COVID-19 avant de s’entretenir avec le président Paul Biya. Au perron du palais de l’Unité, à son arrivée comme à son départ, il a échangé des civilités avec Samuel Mvondo Ayolo, le ministre, directeur du cabinet civil de la présidence.