Le président de la République a ordonné l’envoi d’une unité spécialisée de gendarmes, qui a quitté Yaoundé le 30 janvier 2019, pour renforcer l’équipe existante dans la lutte contre les prises d’otages.
Depuis la fin d’année 2018, les populations de certains villages des arrondissements de Belel, Martap, Nyambaka, Ngan-Ha, Ngaoundéré 3ème ont perdu le sommeil. Le phénomène d’enlèvements avec demande de rançon a élu domicile au point de faire dépeupler de nombreuses localités. Une situation devenue inquiétante pour plus d’un au point d’opposer les autorités administratives et municipales avec pour point de chute l’enlèvement du commandant de brigade de Belel de son poste. Il s’agit d’un dessin d’insécurité qui a pris son ampleur dans la région depuis 2015, et les autorités locales semblent être impuissantes.
C’est dans ce cadre qu’un peloton spécialisé du Groupement polyvalent d’intervention de la gendarmerie nationale sous le commandement du Lieutenant-Colonel Kola, a quitté la capitale, à l’effet d’appuyer les autres soldats déjà sur le front. Le GPIGN est un corps spécialisé dans la lutte contre le terrorisme et les grandes menaces ; D’ailleurs, certains de ses détachements ont épaulé le Bataillon d’Intervention Rapide dans la lutte contre Boko-Haram.
Le sujet maintes fois évoqué par le président de la République a été abordé le 18 janvier 2019 lors de la cérémonie de triomphe des élèves de la 36ème promotion de l’École Militaire Inter Armée de Yaoundé, où il a annoncé avoir donné des instructions fermes pour mettre un terme à cette crise.
En effet, l’annonce de l’envoi d’un contingent de 130 gendarmes pour appuyer ceux en exercice dans la région est jugée en qualité de bonne nouvelle, même si le maire de Ngaoundéré 1er émet des réserves car estimant que le nombre de soldats soit insuffisant par rapport au territoire occupé par les bandits.
De plus, la société civile dans la région, notamment dans la ville de Ngaoundéré, estime que le problème se trouve au sein des communautés concernées, car des complicités existeraient au niveau local. En termes de chiffres, entre 2015 et 2018, selon l’Association Mboscuda, qui regroupe les Mbororos, une communauté de nomades au sein de laquelle l’on retrouve de grands éleveurs de bœufs, le phénomène a coûté à la population plus de 2 milliards de FCFA versés en rançon, 212 personnes ont été libérées après paiement de rançons, 70 d’entre elles ont été tuées et 29 libérées grâce à l’action conjuguée des forces de maintien de l’ordre et de sécurité accompagnées par les comités de vigilance.
Ce bilan témoigne de la gravité de la situation à laquelle fait face la population. La présence de l’armée sur le terrain viendra donner un coup de pouce aux actions déjà engagées sur le front de la lutte.