C’est avec une forte conviction et une immense responsabilité que Mahamat Idriss Déby, président de la République du Tchad, s’est adressé le 1er décembre 2024 à ses compatriotes à la suite de l’annonce de la décision prise par N’Djamena concernant la rupture de l’accord de coopération militaire avec Paris. Depuis plusieurs décennies, le Tchad et la France entretiennent une coopération dans plusieurs secteurs, notamment dans le domaine militaire.
«En tant qu’État souverain, fort de ses 66 ans de marche depuis la proclamation de la République, le Tchad est pleinement en droit, et même dans l’obligation, de définir librement ses relations internationales, de choisir les formes de coopération qu’il souhaite et de conduire sa politique de défense en fonction de ses priorités», a confié le numéro tchadien. N’Djamena a donc décidé de mettre un terme à cette coopération militaire pour réorienter son partenariat avec la France sur des domaines qui auront plus d’impact positif sur le quotidien de nos populations respectives.
Selon Mahamat Idriss Déby, cette décision s’appuie sur trois principaux facteurs. D’abord, l’absence de réciprocité. «La présence militaire française au Tchad ne se fonde pas sur une base réciproque. Le Tchad ne doit plus accepter aux autres ce qui ne lui est pas accepté par ces autres. C’est le sacré principe de réciprocité», a-t-il soutenu. Ensuite, la nécessité de réparation. «Il est désormais primordial pour le Tchad de réparer les imperfections dans ses relations internationales. Choisir en toute Indépendance les formes et les partenaires de sa coopération internationale selon ses priorités nationales», a fait savoir Mahamat Idriss Déby. Enfin, le renforcement des capacités du Tchad. «Cette rupture fait partie de notre volonté de bâtir une armée tchadienne en phase avec toutes ses responsabilités, plus autonome, plus engagée et plus responsable dans l’accomplissement de sa mission régalienne de défense de la patrie», a assuré le président tchadien.
Dans la foulée, il a reconnu que l’accord militaire entre le Tchad et la France est devenu complètement obsolète. «Il ne correspondait plus, ni aux réalités sécuritaires, géopolitiques et stratégiques de notre temps, ni à nos attentes légitimes quant à la pleine expression de notre souveraineté», a déploré Mahamat Idriss Déby. Pendant son adresse à ses compatriotes, il a rappelé les forces de défense tchadiennes se sont illustrées par une vaillance jamais démentie et une détermination sans commune mesure devant des défis sécuritaires nationaux et régionaux.
Face aux récentes attaques de Boko Haram, les forces armées tchadiennes ont démontré qu’elles sont plus que capables de défendre l’intégrité de leur territoire et d’assurer la sécurité du peuple, voire contribuer efficacement à lutter contre le terrorisme à l’échelle régionale. «Désormais, elles sont appelées à intégrer la nouvelle donne issue de la rupture cet accord suranné, qui dans les faits concrets ne change absolument rien», a tranché Mahamat Idriss Déby.