Dans un message au Congrès américain en novembre 2019, le président Trump affirma que le Cameroun s’était abstenu de répondre aux préoccupations concernant les violations continuelles des droits humains par les forces gouvernementales, notamment les meurtres extrajudiciaires, les détentions arbitraires et illégales et les actes de torture. Cet argumentaire sans fondement valu au Cameroun, dès le 1er janvier 2020, le retrait de son accès préférentiel au marché américain offert par la Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (African Growth and Opportunity Act, AGOA).
L’AGOA, accord commercial lie les États-Unis et le continent africain depuis 2000, permet aux pays d’Afrique sub-Saharienne d’exporter vers le pays de l’Oncle Sam sans verser de droits de douane, à condition que leur gouvernement ait établi, ou soit en voie d’établir, l’État de droit, le pluralisme politique, des normes équitables et le respect des procédures en matière judiciaire et l’égalité de tous devant la loi. La présence, dans la délégation officielle du président Paul Biya au 2e Sommet États-Unis – Afrique, du ministre du Commerce est un indicateur de la volonté du Cameroun à réintégrer l’AGOA.
Dans les faits, l’AGOA, c’est l’accès de plus de 7 000 produits africains au marché américain. Au total, les deux continents auraient eu via cet instrument jusqu’à 4,8 milliards de dollars d’échanges commerciaux en 2021 (sur un total de 64 milliards d’échanges commerciaux au total), selon un représentant américain au commerce. En comparaison, le commerce sino-africain a atteint un niveau record d’environ 254 milliards de dollars au cours de la même année.
Cependant, ce cadre arrive à expiration en septembre 2025. Et le bilan est loin d’être unanime, si certains pays comme l’Éthiopie parvenaient jusqu’à présent (le pays a été exclu en janvier 2022, à cause de la guerre au Tigré, NDLR) à tirer leur épingle du jeu, des experts estiment que cet accord a surtout profité à un nombre restreint de secteurs, tels le textile ou les hydrocarbures. Des éléments qui n’ont pas empêché le renouvellement de l’AGOA, en 2015 pour dix ans, sous la présidence du président Obama. La question qui se pose désormais est simple : quel AGOA reconduire, pour combien de temps, avec quels pays ?