Convoquée lundi 16 décembre 2019 devant un tribunal de la capitale, Harare, Marry Mubaiwa, 38 ans, s’est vue signifier à l’audience une inculpation pour tentative d’assassinat et a été écrouée jusqu‘à une prochaine comparution le 30 décembre.
Marry Mubaiwa, ancienne mannequin de 38 ans, est accusée d’avoir transféré en 2018 et 2019 un million de dollars de ses comptes du Zimbabwe vers des banques sud-africaines « en cachant ou en maquillant leur véritable utilisation », en violation du contrôle des changes. Ces fonds ont été utilisés pour l’achat en Afrique du Sud, avec l’aide de complices, d’une propriété à Pretoria et de deux véhicules tout-terrain de luxe. Pour ces faits, la jeune dame est poursuivie pour « fraude et blanchiment d’argent ». Elle est par ailleurs accusée d’avoir menti à un juge sur la nature de son contrat de mariage.Comme si cela ne suffisait pas, elle vient d’ajouter une couche, et pas des moindres, à ses ennuis judiciaires comme pour tester l’immunité que lui confèrerait son statut d’épouse de l’ancien chef d’état-major de l’armée zimbabwéenne, Constantino Chiwenga considéré comme l’architecte du coup de force qui a précipité la démission du président Robert Mugabe fin 2017.
Le nouveau forfait de Marry Mubaiwa, qui vit séparée de son époux, est digne d’un scénario hollywoodien. Selon l’acte d’accusation rendu public lundi, elle est accusée d’avoir retiré une perfusion du bras du général Chiwenga, à l‘époque hospitalisé à Pretoria en Afrique du Sud. « Le 8 juillet 2019, l’accusée est venue à l’hôpital avec l’intention de nuire sérieusement au plaignant », détaille le document d’accusation montée par le général. « Une fois seule avec le plaignant, l’accusée a illégalement débranché la perfusion du plaignant qui s’est mis à saigner abondamment », poursuit l’accusation, « l’accusée a alors sorti le plaignant de son lit, l’a pris par la main et l’a sorti de sa chambre, avant d’être interceptée par la sécurité ». L’intervention salutaire de la sécurité a toutefois présenté des failles puisque la jeune dame a réussi à s’enfuir de l’hôpital.
Agé de 63 ans, le général Chiwenga a regagné le Zimbabwe le mois dernier après un séjour médical de quatre mois en Chine. Il est un proche du président Emmerson Mnangagwa. Depuis son accession au pouvoir, il œuvre à travers des réformes à la relance de l’économie du pays en pleine déconfiture.
Une économie exsangue
En attendant les fruits des réformes visant notamment la lutte contre la fuite des capitaux et l’évasion fiscale, la Banque centrale du Zimbabwe a introduit de nouveaux billets et pièces en dollars zimbabwéens. Depuis le 11 novembre, un milliard de dollars sont introduits dans l‘économie du pays sur six mois. L’objectif à court et moyen terme de cette restauration de la monnaie locale, disparue depuis au moins dix ans, est de venir à bout de la crise de liquidité qui sévit actuellement au Zimbabwe. Toutefois, des analystes de l’économie restent dubitatifs quant à l’impact que pourrait avoir une telle mesure.
En août, l’inflation s’est envolée à près de 300 % sur un an, selon le Fonds monétaire international. Mais des économistes estiment qu’elle est au moins deux fois plus élevée. Les prix du pain, du carburant, ou encore de l’électricité se sont envolés au grand dam de la population, dont les retraits quotidiens à la banque sont plafonnés à 100 dollars zimbabwéens. Une somme dérisoire quand le plein d’essence coûte 600 dollars zimbabwéens.