Dans un pays à la législation ultra-conservatrice et répressive à l’encontre de l’homosexualité, l’ambassadeur américain s’est récemment ému de la condamnation d’un couple d’homosexuels à quinze ans de prison.
Fin novembre 2019, Steven Samba et Japhet Chataba la trentaine atteinte, sont reconnus coupables « d’actes non naturels » et écopent d’une peine de 15 ans de prison. Leur appel contre ce verdict a été rejeté. Le 2 décembre, Daniel Foote, l’ambassadeur américain n’a pas compris cette décision de justice. « Des décisions comme cette lourde condamnation font des dégâts incalculables à la réputation internationale de la Zambie en montrant que les droits humains en Zambie ne sont pas une garantie universelle. Les deux hommes entretenaient une relation consensuelle, qui ne blessait aucunement personne », a-t-il déclaré face à la presse à Lusaka. Plus loin, l’ambassadeur américain a tenu un langage peu diplomatique. « J’espère que le gouvernement zambien est déterminé à améliorer ses relations pourries avec les Etats-Unis, mais c’est une décision qui leur appartient (…) L’actuel gouvernement zambien veut que les diplomates étrangers soient dociles, avec un portefeuille grand ouvert et la bouche fermée », a-t-il poursuivi. En expliquant que les Etats-Unis accordent 500 millions de dollars d’aide annuelle à la Zambie, il a ajouté : « au cours des deux dernières années, je me suis efforcé d’améliorer le partenariat Etats-Unis-Zambie, mais avec un succès minimum ».
Deux semaines plus tard, lors d’une allocution devant une congrégation religieuse de Choma, dans le sud de la Zambie, le président Edgar Lungu a réagi aux propos de Daniel Foote. Le numéro 1 zambien connu pour ses diatribes contre les homosexuels, a tranché : « vous devez savoir que nous avons formellement protesté auprès du gouvernement américain (…) Nous attendons leur réponse car nous ne voulons pas de personnes comme ça parmi nous ». Face à ce qui a pris les allures d’une ferme volonté du président zambien d’expulser le diplomate américain, Isaac Chipampe, porte-parole de la présidence a tenu à calmer le jeu. Dans un communiqué datant du 15 décembre, il a fait savoir que les propos du président de la République ne préfiguraient pas une expulsion de Daniel Foote.
L’homosexualité est sévèrement réprimée par la loi
Les pressions de la communauté internationale n’ont pas réussi à faire bouger d’un iota la politique répressive de la Zambie envers les homosexuels. Les pratiques homosexuelles y sont qualifiées « d’actes non naturels ».
Le président Edgar Lungu, alors ministre des Affaires intérieures, avait déclaré à des journalistes : « ceux qui défendent les droits des gays devraient aller en enfer, ce n’est pas une question que nous tolèrerons (…) Il n’y aura pas de discussions sur les droits des gays. Ce problème est étranger à notre pays ». L’homosexualité est aussi perçue comme une « atteinte aux valeurs chrétiennes ». Soutenu par les organisations chrétiennes, Edgar Lungu est resté inflexible aux pressions internationales des principaux pays donateurs de la Zambie et a maintenu des lois qui prohibent non pas explicitement les relations homosexuelles, mais toute « relation charnelle contre l’ordre naturel ». Le code pénal punit la sodomie, bannie depuis la colonisation britannique de 1924 à 1964, jusqu’à quinze ans de prison. En 2017, la Fédération zambienne de football avait relancé le débat sur l’homosexualité en proposant de bannir toute discrimination envers les gays et les lesbiennes. L’Eglise locale avait alors crié à une atteinte aux valeurs chrétiennes défendues par la Constitution.