La présidente de la Commission de l’Union européenne au cours d’une visite en Ethiopie, a rencontré le président de la Commission de l’Union africaine et les autorités locales.
Ursula von der Leyer, ancienne ministre allemande de la Défense, est depuis le 1er décembre 2019, présidente de la Commission de l’Union européenne. Pour sa première sortie officielle hors de l’Union européenne, elle a choisi l’Afrique, l’Ethiopie. Le 7 décembre elle a eu une série d’entretiens avec les autorités de l’Union africaine (UA), dont le siège se trouve justement à Addis-Abeba, et les autorités éthiopiennes, dont le Premier ministre, Abiy Ahmed. Officiellement, Ursula von der Leyer qui a placé son mandat sous le signe de la géopolitique, est venue en Afrique pour, mieux comprendre le fonctionnement de l’UA, féliciter le Premier ministre Abiy Ahmed lauréat du prix Nobel, et rendre une visite de courtoisie à la première femme présidente de la République fédérale d’Éthiopie, Sahle-Work Zewde. L’Éthiopie étant perçue, par plusieurs observateurs européens, comme un pays capable d’inspirer le changement à tout un continent.
Au siège de l’Union africaine
«Le continent africain et l’Union africaine comptent pour l’Union européenne et la Commission européenne ». C’est par ces mots que la nouvelle présidente de la Commission de l’UE a commenté sa rencontre avec Moussa Faki Mahamat, son homologue de l’UA. Elle est venue pour comprendre « les tendances qui modèlent l’Afrique et l’Union africaine, le développement sur l’ensemble du continent, les priorités politiques et économiques ». La question climatique était également au menu des discussions : «vous ici, sur le continent africain, comprenez mieux que quiconque le changement climatique», a précisé Ursula von der Leyer. L’UE reste le principal partenaire commercial de l’Afrique avec 36% du commerce de marchandises, sa première source d’investissement avec 283 milliards d’euros, et sa première source d’aide au développement.
L’UE a aussi toujours appuyé les opérations de de paix et de sécurité de l’UA. En 2100, on comptera 4,5 milliards d’Africains pour 466 millions d’Européens.
La question migratoire cristallise les esprits. La semaine dernière, au moins 62 migrants africains sont morts noyés au large de la Mauritanie en tentant de gagner l’Europe, dans le pire naufrage en 2019 sur la route des migrations longeant la côte atlantique. Les dirigeants européens et africains sont déterminés à trouver des solutions aux causes profondes de l’immigration, comme la pauvreté. Dans ce sens, l’Afrique réclame aussi que les pays européens ouvrent leurs portes à plus de migrants africains. Aux côtés de Moussa Faki Mahamat, Ursula von der Leyen s’est montrée très prudente quant aux solutions venues de Bruxelles. « Honnêtement, je n’ai pas toutes les réponses à ces défis, mais je suis convaincue qu’ensemble nous pouvons trouver les réponses », a-t-elle ajouté, pendant que Moussa Faki appelait à une mobilisation internationale accrue pour contrer les menaces sécuritaires, notamment le terrorisme.
Avec les autorités éthiopiennes
La présidente de la Commission européenne s’est entretenue avec le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed. Elle a félicité son hôte pour le prix Nobel et pour avoir su faire la paix avec l’Érythrée. « L’Éthiopie a donné de l’espoir à tout le continent. Je veux que vous sachiez que nous sommes à vos côtés », a-t-elle déclaré.
Lors de la rencontre, des accords d’aide financière de l’UE à l’Éthiopie portant sur 170 millions d’euros ont été signés. Sur ce total, 100 millions d’euros seront consacrés aux transports et infrastructures, 50 millions d’euros au secteur de la santé, 10 millions d’euros aux élections et 10 autres millions d’euros à la création d’emplois. Le Premier ministre a remercié l’UE pour ce soutien. « Nous demandons encore plus de soutien financier, car nous sommes ambitieux », a déclaré Abiy Ahmed.
Symboliquement, la première femme présidente de la Commission européenne s’est aussi fendue d’une visite de courtoisie à la première femme présidente de la République fédérale d’Éthiopie et seule cheffe d’Etat africaine du moment, Sahle-Work Zewde. Ensemble, elles évoquent les mesures à prendre pour soutenir les jeunes filles et les femmes en Afrique et les questions de genre. Sahle-Work Zewde peut se targuer de présider un pays dont le gouvernement est paritaire. Un véritable défi à relever par l’UE avec ses commissaires. Comme quoi, l’Union européenne peut, une fois de plus, apprendre de l’Afrique.