« Le colonel Assimi Goïta ne s’autoproclame pas président, il est vice-président. C’est quelqu’un qui respecte beaucoup les textes, et respectera le contenu de la charte », a confié le Pr Youssouf Coulibaly, le conseiller juridique du vice-président de la transition au Mali. Au micro de Radio France internationale, il a justifié qu’il n’est nullement question d’un coup d’Etat, mais plutôt une rectification de la trajectoire de la transition afin de remettre le pouvoir aux civils qui seront démocratiquement désignés par le peuple. Le colonel Assimi Goïta, a reproché au président Bah Ndaw et au Premier ministre Moctar Ouane d’avoir formé un nouveau gouvernement sans se concerter au préalable avec lui, bien qu’il soit en charge de la défense et de la sécurité, domaines cruciaux dans un pays en pleine tourmente. « Une telle démarche témoigne d’une volonté manifeste du président de la transition et du Premier ministre d’aller vers une violation de la charte de transition, d’où une intention avérée de sabotage de la transition », a détaillé le chef de la junte dans un communiqué lu à la télévision publique par l’un de ses collaborateurs en uniforme. Le colonel Assimi Goïta restera-t-il seul à la tête du pays ?
Le Pr Youssouf Coulibaly a annoncé que le chef de junte statuera sur la question dans les heures à venir. Un temps tenu à l’écart du processus de transition, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) pourrait accepter de proposer un nom pour le poste de Premier ministre. Et les militaires, très critiqués, auraient tout à y gagner. Dans la nuit du 24 au 25 mai, alors que le président Bah Ndaw et son Premier ministre Moctar Ouane venaient d’être conduits de force au camp de Kati, les militaires auraient demandé au M5 de proposer au colonel Assimi Goïta le nom d’une personnalité susceptible de prendre les rênes de la primature. « Si le M5 décide de proposer un nom pour la primature, ce serait une bonne chose. Mais ça peut être quelqu’un d’autre si le M5 n’est pas d’accord », renseigne le conseiller juridique du colonel Assimi Goïta.
Si les rebondissements actuels soulèvent une multitude de questions quant à leur impact sur la lutte contre les djihadistes et sur l’état de la gouvernance au Mali, le chef de la junte militaire se veut rassurant : « Le processus de transition suivra son cours normal et les élections prévues se tiendront courant 2022 ». Le président français, Emmanuel Macron, a parlé de « coup d’Etat dans le coup d’Etat », référence au putsch qu’avaient mené les colonels en 2020. Le conseil de sécurité de l’ONU a condamné, dans une déclaration adoptée à l’unanimité, l’éviction par les militaires des autorités civiles de transition au Mali, sans toutefois parler de coup d’Etat ni prévoir la possibilité de mesures coercitives. Le conseil de sécurité a réclamé une « reprise immédiate » de la transition menée par les civils, avec des élections « dans le délai de dix-huit mois établi conformément à la charte de transition ».